L'île Louet se trouve dans la baie de Morlaix, Finistère nord.
©Photo 12/Gilles Targat
Destinations engagées

Quand le développement durable gagne la Bretagne

Chaque fin de semaine, ID vous propose de découvrir des destinations touristiques françaises éco-responsables. Tour d'horizon de la région Bretagne et de sa démarche de développement durable.

Des falaises de Crozon à la baie de Morlaix, de la forêt de Brocéliande à l’île de Bréhat : la Bretagne regorge de joyaux de la nature à découvrir. Pour préserver ce patrimoine, la région s’inscrit depuis plusieurs années dans une démarche de développement durable. Elle est notamment portée par le Comité régional tourisme Bretagne (CRT). Jessica Biscart, responsable du pôle observatoire et développement au CRT, nous parle des actions mises en œuvre.

Depuis quand le comité régional s'engage dans une démarche de développement durable ?

La volonté de s'engager en Bretagne pour un tourisme plus durable date de 2006 environ. Les politiques ont souhaité inscrire la région dans cette dimension pour préserver les ressources qui font sa force. Si nous voulons maintenir notre activité touristique, il faut protéger notre patrimoine, notre offre.

Comment est-ce que cela se traduit au niveau de la région ?

Plusieurs choses ont été mises en place, notamment des voies vertes à destination des cyclistes et des piétons pour permettre la mobilité douce. Cela a été l'un des premiers axes de travail, dès 2006. Aujourd'hui, on est presque à 2000 km de voies. Cela se fait progressivement. Puis l'an dernier, nous avons lancé "En Bretagne sans ma voiture" : une offre de séjours "packagés" qui permettent de venir dans la région sans sa voiture (en train par exemple) et, arrivé sur place, de pouvoir séjourner et rayonner avec des moyens de mobilité douce au départ de son hébergement. En parallèle, nous avons voulu valoriser et recenser les professionnels qui ont fait le choix de s'engager dans le tourisme durable, en créant le site voyagez-responsable, il y a huit ans. Par ailleurs, nous accompagnons les professionnels de la région pour les sensibiliser à cette dynamique et pour que l'offre s'étoffe en la matière.

Et que font les acteurs du tourisme pour rendre leur activité plus "durable" ?

Cela dépend de la nature des structures. Il y a notamment la problématique de la réduction des déchets, notamment dans le domaine de la restauration, avec par exemple l'opération "Moins de gaspi au restau" qui a été expérimentée au niveau régional en 2017/2018 auprès de 20 restaurants qui se sont engagés à essayer de réduire leurs déchets alimentaires. Cela passe par des menus anti-gaspi réutilisant différentes parties d'un même aliment pour qu'il soit consommé en intégralité, la réduction des portions ou le choix du type de portions - petite faim, grosse faim ou encore la proposition de "doggy bags". Ces expérimentations ont eu du succès et seront reconduites et déployées au niveau national normalement.

Le CRT a obtenu le label Green Globe, qu'est-ce que cela implique ?

Avec le label Green Globe, c'est notre démarche de RSE interne qui a été labellisée. Cela nous permet également de dire aux professionnels que nous les poussons dans cette voie tout en montrant aussi l'exemple. Auprès d'eux, lorsque nous les conseillons, nous ne favorisons pas un label plus qu'un autre. Nous renvoyons à plusieurs d'entre eux : l'Ecolabel européen, la Clé verte, Green globe etc., selon les attentes et les types de structures que l'on va avoir à accompagner.

Avez-vous atteint aujourd'hui le niveau d'exigence souhaité dans la région ?

Il y a beaucoup de professions où le niveau de satisfaction des visiteurs est assez important. Nous faisons partie des premières régions de France en termes d'hébergements labellisés, ce qui n'est pas négligeable. Et aujourd'hui, il y a énormément d'efforts de préservation des patrimoines culturels et naturels qui sont faits. Ce n'est pas encore optimum, mais on est sur la bonne voie.

Tous ces efforts vont-ils rendre la région plus attractive ?

Oui et non. Oui, parce qu'on va réussir à préserver notre patrimoine, donc cela va la renforcer. Après, nous ne cherchons pas à développer du tourisme de masse. Si nous sommes dans une démarche de tourisme responsable, ce n'est pas pour doubler la fréquentation.

Quels sont vos projets à venir ?

À court terme, nous sommes toujours dans la sensibilisation des professionnels. Nous avons un projet avec les parcs naturels régionaux pour accroître l'utilisation des circuits courts et favoriser ainsi l'agriculture locale. Puis nous avons entamé un travail avec les transports locaux pour essayer d'imaginer un "pass mobilité" qui permettrait aux touristes arrivant en Bretagne de pouvoir emprunter librement tous les transports collectifs et publics de la région. Mais cela est encore à l'état de projet pour le moment.