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CHRONIQUE CONSO

On veut garder des élevages de volailles de petite taille !

Des élevages industriels de volailles bio font leur apparition en France. C’est le moment, pour la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) d’entrer en résistance pour préserver les petits élevages, ceux qui respectent les valeurs de la bio.  

Jusqu’à récemment, les volailles bio françaises étaient épargnées par l’industrialisation. Mais depuis deux ans environ, des élevages de plus de 15 000 poules pondeuses font leur apparition dans l’Hexagone. Elles ne représentent pour l'instant que 2 % de l’ensemble des exploitations. Mais ces temps-ci, la pression monte. C’est le moment pour la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) d’alerter l’ensemble de la filière. C’est aussi l’occasion pour nous, consommateurs de réaffirmer quelle bio nous préférons, celle des petits élevages, en cohérence avec les valeurs fondamentales de la culture biologique.

Bouleversement du marché de l’œuf

Pourquoi cette pression ces temps derniers ? "Le marché de l’œuf est bouleversé par l’interdiction prochaine des poules en cage", explique David Léger, secrétaire national de la FNAB. Il est lui-même éleveur de 1800 poules pondeuses dans le Nord de Rouen. À partir de 2022, toutes les volailles devront être élevées en plein air. Les industriels cherchent de nouveaux éleveurs capables de satisfaire cette future exigence et notamment des éleveurs bio pour répondre à la demande qui ne cesse de croître. Il faut aller vite. "Alors on voit apparaître en France des élevages de 12 000, voire 36 000 poules pondeuses, raconte David Léger. On est encore loin de l’extrême italien où il existe un élevage bio de 100 000 poules. Mais il faut être vigilant."

Discussions à Bruxelles à surveiller

Les représentants de la FNAB s’inquiètent aussi de négociations en cours à Bruxelles. Ces jours-ci, la Commission européenne débat des règles de production dans les élevages biologiques en Europe. Cette discussion ne va pas changer la face du bio. Il s’agit de rédiger les textes de mise en œuvre du récent règlement européen de la bio qui s’appliquera à partir de 2021. L’essentiel est déjà décidé. Mais le diable se cache parfois dans le détail. Le détail en question, pour la FNAB, c’est que le brouillon des textes d’application, ceux qui sont en cours de discussion, pénalise les petits élevages de volailles de chair en "bâtiments mobiles". Cela vous paraît trop technique pour vous concerner ? Ca ne l’est pourtant pas, jugez plutôt. Les petits élevages de volaille sont en général déplaçables. Cela permet aux gallinacés d’accéder à l’herbe fraîche, une fois qu’elles ont tout dévoré et piétiné. Les élevages les plus gros ne se donnent pas cette peine. Pénaliser ces petites structures mobiles, c’est encourager les gros.

"On est en train de s’éloigner des fondamentaux de la bio, souligne David Léger. Ceux qui font que les consommateurs ont confiance en nous. La filière doit s’engager à faire mieux que le règlement européen. C’est ce que font certains. Je vends par exemple mes œufs au grossiste Cocorette. Eh bien cette entreprise refuse d’acheter les œufs issus d’exploitations de plus de 9000 poules". L’industrialisation de la bio ? Non merci.