Will McCallum est responsable de la campagne Océans chez Greenpeace, au Royaume-Uni. Il lance des pétitions contre les microbilles, milite auprès de producteurs pour qu’ils s’engagent à utiliser de plus en plus de plastique recyclé, rencontre entreprises et gouvernements. Son livre, "En finir avec le plastique", vient de paraître aux éditions Marabout.
Plus de plastique que de poissons dans la mer en 2050
D’abord, il nous faut encore et toujours regarder les choses en face. "Le volume de plastique dans la mer pourrait excéder celui des poissons dès 2050", peut-on lire en introduction. Il y a encore ce chiffre, à pleurer : "Le système digestif de plus de 90 % des oiseaux marins contiendrait du plastique". Celui-là, vertigineux : "un récent rapport du gouvernement britannique sur l’avenir des océans a estimé que la masse de déchets plastique déversée pourrait tripler au cours des dix prochaines années." Cette information qui fait que l’on se met à considérer notre garde-robe d’un œil soupçonneux: "Les microfibres, constituant environ un tiers des plastiques dans l’océan, proviennent, entre autres, des eaux de lessive de nos vêtements."
Penser que le recyclage résout tout ? C’est un leurre. "De plus en plus de plastique se 'perd' dans la nature. Seulement 14 % de tout le plastique jamais produit a été collecté pour être recyclé et environ 5 % a été effectivement recyclé (et non décyclé, c’est-à-dire transformé en matériau ou produit de moindre qualité)". Se dire que nous ne sommes pas responsables des pollutions plastiques monstrueuses qui accablent des pays lointains, c’est un mensonge que l’on se fait à soi-même. "Il existe un commerce international des déchets qui transporte des millions de tonnes de plastique dans le monde chaque année", souligne l’auteur.
Pour lutter contre ce fléau, Will McCallum aborde succinctement la responsabilité des entreprises et des gouvernements. Il recueille par exemple les propos de son collègue Luke Massey, responsable communication de Greenpeace pour la campagne sur les océans : "C’est absolument indispensable. Il faut taxer les producteurs de plastique jetable." Mais l’objet de ce livre est surtout de nous proposer des pistes d’action.
Actions individuelles et collectives
Le militant croit au pouvoir d’action de chacun. "Individuellement, nous pouvons changer nos habitudes, écrit-il, limiter l’utilisation de plastique et contribuer à en faire diminuer, ne serait-ce qu’un peu, la quantité sur terre. Collectivement, nous pouvons faire bien plus encore. En parlant de notre démarche avec nos amis, nos collègues, et sur les réseaux sociaux, nous pouvons avoir tellement plus d’impact qu’en agissant dans notre coin. Joindre nos forces dans notre entourage, notre commune, notre vie sociale, pour clamer le message haut et fort aux décideurs politiques et économiques, est sans doute notre meilleure chance d’accéder à un monde sans pollution plastique."
Alors Will McCallum fait le tour de la salle de bains, pour nous inciter à préférer des produits solides ou des flacons rechargeables, nous livrer une recette de dentifrice en poudre. Il nous emmène dans la penderie pour nous proposer de ne laver les vêtements synthétiques que s’ils en ont vraiment besoin. Il nous apprend au passage qu’il existe un sac de lavage, baptisé Guppyfriend. On y glisse ses vêtements synthétiques avant de le déposer dans le tambour de la machine à laver. Il est en toile fine qui capture les microfibres pendant le lavage et on le jette à la poubelle en fin de cycle. Il nous rappelle que les couches lavables, c’est bien mieux que les jetables. Et pour cause : "Rien qu’aux Etats-Unis, on estime que 27,4 milliards de couches sont utilisées chaque année, dont plus de 90 % finissent dans des décharges où elles mettront la moitié d’un millénaire à se décomposer."
Enfin, l’auteur nous explique comme questionner la politique d’achat dans son entreprise, organiser des opérations de nettoyage à la plage ou même une manifestation. Parce qu’il est évident que les petits gestes de consommateurs ne suffiront pas à changer la donne dans ce dossier plus que lourd.