On les trouve sur toutes les cartes de restaurants, dans nombre de cuisines des Français, on les consomme tous les jours ou presque... Pourtant, ces aliments qui font aujourd'hui partie intégrante de notre quotidien, viennent bien souvent de très très loin... Entraînant avec eux un certain nombre de conséquences écologiques - liées au transport -, sanitaires - liées aux pesticides -, mais aussi sociales - liées aux conditions de travail.
Le quinoa, ou l'ascension de la "graine d'or"
Encore peu consommé il y a quelques années, il est désormais une star d'Instagram et des repas "healthy" d'influenceurs. Mais la success story du quinoa paye très cher le revers de sa médaille.
En France, deuxième pays importateur de celle que l'on surnomme la "graine d'or", nous en consommons quelque 6000 tonnes par an, selon les données de la FAO en 2017. Plébiscitée pour son intéressante valeur nutritionnelle, elle fait le bonheur des végétariens, notamment comme alternative à la viande en raison de son important apport en protéines. Mais si vertueuse soit-elle, cette graine miracle sud-américaine pose aussi d'autres problèmes à différents égards. Historiquement, la Bolivie la cultive depuis des siècles - suivie de près par le Pérou. Si ces deux pays détenaient jusqu'à peu plus de 90 % du marché mondial, ces dernières années, sa production a pris un tout autre tournant, boostée par un coup de projecteur de l'ONU qui a décrété que 2013 serait "l'année internationale du quinoa". Il a alors attisé toutes les convoitises.
En l'espace de cinq ans, la demande a explosé et son prix a doublé : entre 2012 et 2014, les exportations vers les Etats-Unis et l'Europe ont grimpé de 260 %. Une ascension fulgurante qui a fait du quinoa un produit star... Au détriment des producteurs boliviens et de leurs petites exploitations.
Face à ce succès, une véritable ruée vers l'or s'est opérée et tout le monde a voulu placer ses pions sur ce marché prometteur. La concurrence s'est accrue, tant qu'aujourd'hui, on dénombre quelque 90 pays qui cultivent la graine bolivienne - parmi lesquels les Etats-Unis et la Chine. Les conséquences ne se font pas attendre : l'offre excède la demande, les producteurs historiques de quinoa se trouvent débordés par le marché grandissant, ils vendent à perte et les prix sont en chute libre. Alors que l'on estime que 250 000 agriculteurs boliviens vivent du quinoa, 50 % de la population locale vit en dessous du seuil de pauvreté.
Outre les problème sociaux et humains que représente la culture du quinoa, une autre dimension obstrue elle aussi la production durable et équitable de la graine : l'usage massif d'intrants chimiques. En Bolivie, la plante pousse à l'origine dans les zones montagneuses. Dans ce climat froid à plusieurs milliers de mètres d'altitude où les agriculteurs le cultivent à la main, le quinoa ne rencontre aucun ennemi : il ne nécessite donc aucun pesticide et de facto, est naturellement bio. Mais le succès du produit a poussé certains producteurs à étendre les surfaces d'exploitation - notamment au Pérou - et à essayer tant bien que mal de le cultiver à plus basse altitude... Sans grand succès. La solution toute trouvée a donc été d'y injecter massivement de nombreux produits chimiques. Selon Libération, en 2014, le Pérou s'est vu renvoyer plusieurs centaines de tonnes de sa production de quinoa de la part des Etats-Unis, en raison d'un taux de pesticides "trop élevé pour la consommation humaine".
Et en France ?
Si près de 10 000 km séparent l'Hexagone de la Bolivie, la "graine d'or" laisse derrière elle une sacrée empreinte carbone pour passer des petites mains boliviennes à la salade composée d'un restaurant parisien. Ajoutées à cela les conséquences humaines et sanitaires citées plus haut, le quinoa pèse lourd dans la balance.
Mais que les locavores se rassurent : la super-graine a désormais traversé l'Atlantique pour se faire une petite place dans l'agriculture française. En effet, bien que la pratique soit encore marginale, on trouve aujourd'hui du quinoa français, produit notamment du côté de la région d'Anjou.
L'avocat, trop exotique et trop gourmand en eau
Guacamole, poke bowl, avocado toast... Lui aussi est très "instagrammable" et accompagne d'ailleurs souvent les salades détox au quinoa. Mais là encore, ce fruit très à la mode, très vert et très riche nutritionnellement est aussi très néfaste pour la planète, dissimulant un bilan carbone excessivement lourd. Tant que l'an dernier, certains restaurants parisiens ont choisi de le rayer de leur carte par souci éthique et écologique.
Riche en oméga 3, vitamines, fibres, on lui prête également des vertus rassasiantes et antioxydantes. Il est si vénéré pour ses prouesses nutritionnelles que l'on l'utilise même en cosmétique dans des produits de beauté homemade ou de grandes marques. Sa consommation a donc explosé ces dernières années. L'Amérique latine - et particulièrement le Mexique, premier producteur mondial - exporte ainsi massivement vers l'Amérique du Nord et l'Europe. En tête du classement, la France est le second importateur d'avocats mexicains derrière les Etats-Unis.
Si le bilan carbone lié au transport de la marchandise est lourd, à cela s'ajoute le fait que la culture de l'avocat nécessite de grandes quantités d'eau : environ 1000 litres pour un kilo produit. Enfin, pour satisfaire l'avidité occidentale certains producteurs déforestent illégalement des milliers d'hectares afin d'augmenter les surfaces d'exploitation et donc les rendements. Au Mexique, celles-ci ne font qu'accroître, souvent au détriment de grandes étendues de pinèdes. En 2016, on dénombrait 118 000 hectares du pays consacrés à la culture de l'avocat, là où il en comptait seulement 31 000 trente ans auparavant - à quelques milliers près d'atteindre la taille de la capitale Mexico (qui s'étend sur 148 500 hectares).
La solution ? Acheter au plus près possible de chez nous. Au Sud de l'Espagne, la saison de l'avocat s'étale d'octobre à avril. Et si la France ne s'y est pas encore mise, il est pourtant tout à fait possible de faire pousser un avocatier dans son jardin en replantant le noyau.
Le café, made in très loin et ses dosettes polluantes
Après l'eau, le café est la boisson la plus bue par les Français. Nous en consommons en moyenne 5,8 kg par an et par personne, faisant de l'Hexagone le 8ème plus gros consommateur au monde. Pourtant, cet "autre or noir" - après le pétrole - ne se trouve ni sur le sol français, ni même européen (ou presque). En 2018, les trois premiers producteurs mondiaux étaient respectivement le Brésil, le Viêtnam et la Colombie. Pas moins de 8000 kilomètres de l'Hexagone.
Et avec l'ampleur de la demande dans le monde entier, les producteurs sous pression sont forcés de produire plus massivement et plus rapidement... avec comme solutions machines polluantes, engrais, pesticides à grande échelle. Et là encore, les surfaces de production augmentent, réquisitionnant toujours plus d'hectares de terre pour augmenter encore les rendements.
Enfin, au processus de surproduction s'ajoute une nouvelle dimension problématique, celle-ci plus récente : la forme dans laquelle on le consomme. Si les machines Nespresso ont révolutionné nos habitudes de consommation, elles ont aussi créé une nouvelle forme de pollution à cause de l'usage des dosettes. Malgré leur praticité, elles posent un véritable souci environnemental : chaque année, plus de 9 milliards de capsules à café sont produites dans le monde. Parmi elles, la France en consomme environ 500 millions. Et sur les 2000 tonnes de déchets générés par an, peu sont recyclées.
Si Nespresso s'est aujourd'hui converti aux dosettes en aluminium (donc recyclables), les consommateurs doivent les ramener en magasin pour que celles-ci trouvent effectivement une seconde vie. Cette solution peine donc à trouver sa place et l'on estime que seuls 20 % des capsules de la marque sont revalorisées. Mais bien que ces dosettes aient encore largement l'ascendant, les Français commencent à les délaisser au profit du café en grains qui semble faire son retour, d'après un récent sondage Kantar Worldpanel. Reste à savoir si cette tendance se confirmera dans les années à suivre, alors que la meilleure solution à l'heure actuelle reste toujours de préférer celui qui ne sera pas suremballé, dans des matériaux recyclables et enfin, affichant la mention "issu du commerce équitable".
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