L'exploitation d'images d'animaux sauvages par les industriels nous donnerait l'impression biaisée que ceux-ci sont encore très nombreux, ce qui est loin d'être la réalité.
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QUESTION DU JOUR

Marketing et animaux sauvages : et si les marques œuvraient pour leur protection ?

Un chercheur du CNRS suggère aux marques mettant en avant des animaux sauvages de payer une sorte de redevance pour protéger ces espèces dont elles utilisent l’image à des fins commerciales.

Lions, tigres, éléphants… Nous en voyons partout. Enfin, surtout sur nos paquets de céréales et de biscuits, nos boissons, nos voitures... Des marques telles que Lion, Savane, Côte d’Or, le thé Eléphant, Peugeot, utilisent des images d’animaux sauvages pour vendre. Le problème, selon le chercheur du CNRS Franck Courchamp, est que cette "surreprésentation" d’espèces sauvages dans notre quotidien "nous fait oublier qu’elles sont en danger". C'est ce que pointe francetvinfo.fr, qui cite l'étude internationale menée par M. Courchamp et publiée le 10 avril dernier dans la revue PLOS Biology.

Selon cette étude, une personne en France verrait "en moyenne durant un mois plus de représentations de lions qu’il ne reste de lions dans toute l’Afrique de l’Ouest". Nous aurions ainsi "une perception biaisée" de la situation réelle de certaines espèces charismatiques (lions, éléphants, girafes…), qui perdurera tant que leur omniprésence dans notre culture "ne sera pas accompagnée par des campagnes d’information adéquates sur les menaces imminentes auxquelles ces espèces font face", précisent les chercheurs. Dans le journal du CNRS, Franck Courchamp rappelle notamment que la girafe est une espèce en voie de disparition et que les lions pourraient également disparaître d’ici vingt ans si rien n’est fait.

Devenir des acteurs de la préservation des espèces 

Le chercheur suggère ainsi aux entreprises exploitant des images d’animaux sauvages menacés de "reverser une partie de leurs bénéfices", "un dixième de pourcent par exemple", à des campagnes d’information sur ces espèces ou à des organismes de protection de celles-ci. Selon lui, ces entreprises auraient "tout à y gagner", car si elles étaient vues comme "des acteurs de la préservation de l’espèce" les représentant, "le message serait fort et attractif auprès de leurs consommateurs". Il explique qu’en revanche, "si elles perdaient leur emblème, cela serait assez préjudiciable, car elles se verraient promouvoir fièrement le logo d’une espèce disparue".

Rappelons qu’en mars dernier, l’entreprise Lacoste lançait une collection limitée, "Save Our Species", en collaboration avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La marque a remplacé son célèbre crocodile par 10 espèces en voie d’extinction sur ses polos – en quantité limitée, le nombre de polos confectionnés correspondant au nombre d’animaux de l’espèce recensés dans la nature. Chaque achat participait à la sauvegarde de ces espèces : tous les polos ont été vendus.

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