La moitié des fruits et légumes consommés en France est importée.
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Manger cinq fruits et légumes par jour sera-t-il encore possible en 2030 ?

A l’occasion du Salon International de l’Agriculture qui se déroule à Paris du 25 février au 05 mars 2023, ID s’est entretenu avec l’association Demain la Terre. Sa vocation ? Pérenniser la viabilité des exploitations agricoles françaises sur les plans environnementaux, économiques et sociaux.

Aujourd’hui, les difficultés auxquelles font face les agriculteurs français, et plus particulièrement ceux de la filière des fruits et des légumes, sont multiples : la baisse de la consommation de produits frais dûe à l’inflation, l’augmentation des coûts de production notamment avec la hausse du prix de l’énergie ou encore le sentiment de perte de souveraineté agricole. S’il existe encore une marge de progression, des solutions émergent d’ores et déjà pour rendre accessible aux Français des denrées de qualité et socialement bien produites. ID a rencontré Geoffroy Cormorèche, producteur et transformateur de betteraves rouges dans l’Ain, et aussi Président de Demain la Terre. L’association sera présente sur le Salon de l’Agriculture, dans le Pavillon 2.2 sur le stand D044, pour présenter entre autres son référentiel, un outil de pilotage à disposition de plus de quatre cent agriculteurs sur le territoire.

La moitié des fruits et légumes consommés en France est importée

C’est un chiffre qui pourrait faire bondir en ce qui concerne la première puissance productrice agricole d’Europe. Et pourtant, malgré ses 77 milliards d’euros de production en valeur pour 2019 et ses 390 000 exploitations agricoles recensées en 2020 qui façonnent les 48,5 % du paysage métropolitain, le potentiel productif de la France est bel et bien en déclin. Selon un rapport sénatorial publié en septembre 2022, près de 50 % des fruits et légumes consommés proviennent de pays étrangers. 

La cause première serait la baisse du nombre d’exploitations, et plus spécifiquement l'essoufflement de productivité de ces dernières. Les agriculteurs dénoncent la lourdeur des réglementations publiques, qu’elles soient françaises ou européennes. Le niveau d’exigence des politiques environnementales, coûteux pour les producteurs et la fiscalité de production pèsent dans la balance. 

Sur ce volet, l’association Demain la Terre accompagne les agriculteurs dans la transformation de leurs habitudes de travail. Cinquante-trois exploitations membres sont certifiées Haute Valeur Environnementale. “Nous anticipons les nouvelles lois. Nous avons par exemple initié la première démarche collective en agriculture pour obtenir l’équivalence entre le label Demain la Terre et le niveau 2 de la certification environnementale. Mais notre référentiel va encore plus plus loin : nous voulons apporter un nouvel éclairage” avance Geoffroy Cormorèche. 

Seul un retour vers une agriculture responsable peut apporter des solutions à la crise persistante que connaît le monde agricole” conclut Geoffroy Cormorèche. 

Une meilleure pédagogie concernant les enjeux agricoles 

Les comportements d’achat des Français auraient eux aussi leur rôle à jouer. D’une part, le pouvoir d’achat en baisse implique des bouleversements économiques majeurs dans leurs habitudes de consommation. Les jeunes de moins de 35 ans consommeraient même, selon une récente étude, de trois à quatre fois moins de fruits et légumes que leurs grands-parents. D’autre part, si les slogans publicitaires (à l’image du fameux “Mangez cinq fruits et légumes par jour”) semblent avoir joué en faveur des exploitants agricoles, ces derniers reconnaissent volontiers avoir eu des problèmes pour médiatiser les difficultés auxquelles ils faisaient face, à commencer par celles causées par la crise énergétique. “J’ai reçu il y a quelques jours le devis 2024 pour mon utilisation de gaz. Il est multiplié par deux. La résultante est simple : soit j’augmente mes prix, soit j’étouffe” explique Geoffroy Cormorèche. 

Loin de vouloir stigmatiser une méthode de culture ou une autre, c'est-à-dire sans opposer le principe d’agriculture conventionnelle à celui de l’agriculture biologique, l’objectif de l’association est plutôt de mutualiser le meilleur de chacune afin de prôner une troisième voie, une agriculture dite “responsable”.”'La transition écologique de l’agriculture est un sujet complexe car c’est une partie du problème et de la solution. En développant une agriculture responsable intégrant les trois piliers du développement durable, nous nous inscrivons dans cette transition tout en garantissant une alimentation accessible.” précise Geoffroy Cormorèche. 

Concrètement, au travers du label éponyme porté par l’association, c’est un accompagnement personnalisé qui est proposé aux agriculteurs, souvent seuls dans leurs prises de décisions. Les sujets abordés sont pluriels : des difficultés de recrutement au soutien des démarches administratives pour les travailleurs qui en découlent, en passant par les mises aux normes. L’association prône une discussion en collectif, la pédagogie auprès des consommateurs et la mise en valeur des pratiques agricoles pour faire comprendre le travail de ceux qui nourrissent le territoire. 

“A rebours des modèles de rentabilité imposés par l’agriculture moderne, on ne peut nourrir la France sans prendre soin de nos terres. En revitalisant l’économie de la nature, la nourriture produite sera de meilleure qualité, abondante, accessible et bénéfique pour la santé de tous. Seul un retour vers une agriculture responsable peut apporter des solutions à la crise persistante que connaît le monde agricole” conclut Geoffroy Cormorèche. 

L’association travaille également sur les aspects sociaux et sur la pérennité du tissu économique et local. Ils développent par exemple les partenariats avec les bourses alimentaires, les dons des légumes moches aux associations locales et la sensibilité au sein des collectivités locales et dans les écoles. Les nombreuses initiatives et les producteurs seront à découvrir sur le stand D044 du pavillon 2.2 au Salon International de l’Agriculture !

En partenariat avec Demain La Terre.