Conso

La clinique du matos : une seconde vie pour le matériel de sport

Chaussons d'escalade, doudounes, tentes... des objets coûteux passent entre les mains de deux artisans passionnés pour éviter le gaspillage...

"Si nous n'étions pas là, plus de 1000 paires de chaussons d'escalade et entre 200 à 300 objets (vêtements ou sacs) partiraient à la poubelle chaque année ", constate Maïa Albert. La jeune femme, âgée aujourd'hui de 32 ans, a lancé il y a 6 ans, avec Yvan Jacques, "la clinique du chausson" puis "la clinique du matos".

Leurs deux entreprises, installées à Villeurbanne, dans le Rhône, proposent, comme leurs noms l'indiquent, de réparer le matériel des sportifs de plein air. Chaussons d'escalade, doudounes, tentes, chaussures de randonnée, sacs à dos, vêtements de canyoning... Tout passe entre leurs doigts agiles. Autodidactes, le couple d'artisans voulait créer son activité "en concordance avec [ses] valeurs", explique Maïa.

"Grimpeurs" et passionnés de sports de plein air, ils ont choisi de faire "ce qu'[ils faisaient] déjà dans [leur] quotidien : bricoler sans rien demander à personne". Changement de fermeture éclair, réparation de trous, adaptation du matériel à une morphologie atypique : rien ne leur fait peur.

Du travail sur mesure

Aujourd'hui ils proposent des réparations au cas par cas. Pour trouver la meilleure solution. Rois de la débrouille, ils récupèrent du matériel ou des chutes de tissus techniques à droite et à gauche. Et limitent ainsi le gaspillage. "Notre démarche, c'est aussi d'optimiser les matières premières. Par exemple, quand on coupe des plaques de gomme ou des tissus techniques, on essaie de rentabiliser au maximum, pour avoir le moins de déchets possibles", détaille Maïa.

Notre démarche, c'est aussi d'optimiser les matières premières. On essaie de rentabiliser au maximum, pour avoir le moins de déchets possibles."

Et les clients ne s'y trompent pas : Maïa et Yvan sont obligés de refuser les demandes de réparation de chaussons d'escalade par correspondance, alors qu'ils sont sollicités de toutes parts, même de l'étranger. "Tous les jours, des gens nous disent 'bravo pour votre démarche'", confie la jeune femme. Et les sportifs partagent leurs valeurs : "parfois le prix de la réparation vaut le prix du matériel, mais ils veulent quand même la faire".

De nouveaux défis

Alors qu'en France, le Ministère des Sports estime que chaque année près de 9 milliards d'euros de matériels sportifs sont consommés, Maïa et Yvan interviennent, à leur échelle, pour réduire l'empreinte. Ils ont obtenu le label Repar'acteur de la Chambre des métiers de l'artisanat du Rhône. Et sont "official resolver" pour la marque La Sportiva. Une reconnaissance de plus pour ces deux passionnés.

Si leur démarche est clairement engagée dans la protection de l'environnement, Maïa a déjà noté plusieurs points de progression. Premier problème : "la gomme des chaussons, personne n'en veut !". Il n'existe pas en France de filière de recyclage. Ceux qui ne sont plus du tout utilisables filent donc direct à la poubelle... Et autre réalité : "les colles écologiques n'ont pas une qualité suffisante". Résultat : ils travaillent avec des produits toxiques, des masques et des extracteurs d'air..." Mais de toute façon, produire de nouveaux chaussons aurait utilisé encore plus de ces produits ", nuance la jeune femme.