La question environnementale s’invite aussi dans les sex-shop, ou les "boutiques de charme". Patrick Pruvot, fondateur du site et des boutiques Passage du désir, explique l’essor des sextoys “verts” auprès de consommateurs toujours plus soucieux de leur impact sur l’environnement.
L’industrie des sextoys est-elle polluante ?
Les sextoys sont comme des petits électroménagers. Ils ont par définition une certaine obsolescence. Il y a une préoccupation croissante pour leur recyclage. Passage du désir est la première chaîne de “love store” à créer une filiale de recyclage. C’est un succès car les poubelles de recyclage sont pleines toute l’année dans nos boutiques.
Que se passe-t-il après le dépôt des sextoys usagés en boutique ?
Nous travaillons avec ecosystem, qui est une filière de recyclage similaire à celle de Darty. Comme il y a beaucoup de plastique dans les sextoys, cette entreprise les réemploie pour faire du mobilier de jardin et des pare-chocs de voiture.
La prochaine fois que vous vous assiérez dans une chaise longue vous penserez à sa précédente vie, c’est assez cocasse."
Les sextoys sont de plus en plus high-tech, ils sont proches de la téléphonie en termes de matériaux pour les produits les plus sophistiqués.
Qu’est-ce qu’un sextoy écologique ?
Il y a une préoccupation croissante concernant les matières. Les matériaux douteux et chimiquement complexes n’ont plus bonne presse. Nous sommes passés à des matières plus nobles comme le silicon. Par ailleurs, les sextoys à piles ont été remplacés en grande partie par des sextoys rechargeables, grâce à la demande des clients. En termes de sextoys complètement verts, il y a de plus en plus de fabricants qui commencent à lancer des gammes biodégradables ou recyclés. Nous avions également lancé des sextoys à énergie solaire.
Nous avons des cosmétiques intimes qui ont des compositions eco-friendly ou bio. Les ventes ont triplé dans ce domaine en seulement deux ans. Nous sommes passés de 6% à 19% de cosmétiques bio. Pour les lubrifiants qui sont les cosmétiques intimes les plus utilisés, nous sommes passés de 11% à 34% de bio. Il y a une vraie évolution de ce marché.
Comment définissez-vous le sexe écologique ?
Il est possible de parler d'écoresponsabilité dans le sexe. Les clients recherchent des produits plus eco-friendly. Sur notre compte Instagram, nous faisions gagner deux week-end à New-York mais les abonnés ont protesté à cause du trajet en avion. Nous avons changé ce lot en un voyage en train pour Venise. Cela montre qu’il y a une préoccupation environnementale de plus en plus importante dans le monde du sexe, au même titre que dans les autres secteurs. L’écologie est présente dans la tête des acheteurs de sextoys. La prise de conscience des fabricants est plus lente, malgré cela il y a des marques majeures comme Womanizer qui communique sur le fait de mettre moins de plastique dans leur packaging.
Est-ce que la santé et l’écologie sont des enjeux centraux dans l’industrie du sextoy ?
Maintenant les gens réalisent que les sextoys sont des produits intimes qui doivent être au dessus de tout soupçon dans leur composition. La législation européenne est relativement laxiste en la matière. Les phtalates par exemple, ne sont techniquement pas interdits dans les sextoys puisqu’il s’agit officiellement d’un appareil de massage externe. L'écoresponsabilité est entre les mains de marques comme Passage du désir puisque les législateurs ne prennent pas le sujet au sérieux.
Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Écoutez la chronique Social Lab ici.
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