A l'heure de la crise écologique, les ressourceries gagnent du terrain. En 2023, 216 ressourceries sont adhérentes au réseau national des Ressourceries et Recycleries, contre 172 en 2021 et 146 en 2019. Une évolution constante, sans compter celles qui ne font pas partie de ce réseau. Il y en a presque partout sur l’ensemble du territoire, de la Réunion à Marseille en passant par Belle-Ile en Mer. La tendance est également visible dans la capitale. La fête de la Récup' à Paris a attiré 18 000 visiteurs en juillet 2022, selon le REFER (Réseau francilien du réemploi).
D'après Tancrède Girard, responsable communication du REFER, "des ressourceries se créent tous les jours, parce que l’urgence climatique a davantage d’écho dans l’opinion publique". Avec 6 523 salariés en France, les structures du réseau national représentaient 41,7 millions d’euros en 2021.
Pourquoi cet intérêt ?
L'apparition de ces nouvelles associations permet d’avoir une démarche solidaire et environnementale, tout en créant du lien social. Dans ces lieux, où le sentiment d'être utile domine, on "apprend à faire, grâce aux ateliers" comme l’explique Tancrède Girard. En 2021, sur les 50 000 tonnes d’objets récupérés, 20 000 tonnes ont pu être remises en vente, selon le réseau national des ressourceries, qui se félicite du "véritable vecteur d’éco-citoyenneté" que cela représente.
Les ressourceries gagnent donc en visibilité, mais restent encore un commerce marginal. "Il y a tellement à faire qu’on est loin de saturer le marché", estime Brocéliande Carniel, cheffe de projet Réemploi Filière D3E au réseau national des ressourceries. Sur la question du textile notamment, pour laquelle les quantités apportées ne permettent pas de tout réemployer/réutiliser.
Un modèle à démocratiser davantage ?
"Le mot 'ressourcerie' n’est pas encore entré dans le langage courant pour plusieurs raisons qui tiennent notamment de l'importance donnée au recyclage dans la gestion des déchets en France", explique le REFER.
Même si ces structures sont aidées localement par les départements et régions dans lesquelles elles sont implantées, Brocéliande Carniel explique que la plupart manque par ailleurs de subventions, ce qui se reflètent sur les salaires et la difficulté à recruter. Le problème principal réside dans la disponibilité des locaux, puisque les villes densément peuplées n’ont pas de surfaces suffisantes à disposition. En outre, 67% des structures sont locataires des lieux. La Ressourcerie de l'Île, proche de Rézé (44), a par exemple fermé malgré son succès, parce que les locaux étaient trop compliqués à entretenir.
L'Etat, qui souhaite accélérer sa transition écologique, devrait se pencher sur les ressourceries, d'après le REFER. Selon eux, la présence de ressourceries sur un territoire "permet d'offrir une source d'emplois non délocalisables importante, et de réduire la part de déchets qui sont produits et qui se retrouvent à l'incinération ou à la décharge. Mais c'est aussi l'opportunité d'équiper des personnes en situation de précarité grâce à des biens fournis à des prix solidaires, ainsi que de sensibiliser et donner les clefs d'action (et d'autonomie) par le biais d'ateliers".
L'achat en ressourcerie permet aussi d'éviter l'achat d'un objet neuf, et donc de réduire la part de notre empreinte sur les ressources de la planète.
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