©FLeurs d'Ici/DR
chronique conso

Des fleurs locales et de saison livrées à domicile

Le plaisir d’offrir des fleurs est gâché quand on connaît l’impact de cette industrie sur l’environnement. Pour résister à cette aberration, l’entreprise Fleurs d’Ici propose des bouquets locaux et de saison, pleins de poésie.

Les fleurs sont-elles vraiment belles quand leur bilan écologique est désastreux ? Neuf fleurs sur dix vendues en France sont importées, principalement de Hollande, du Kenya, d’Equateur et de Colombie. Elles prennent l’avion pour arriver jusqu’à nous ou bien elles ont poussé sous des serres chauffées (quand elles viennent de Hollande), en consommant beaucoup d’énergie. Au passage, leur culture abuse des pesticides. Le magazine 60 Millions de Consommateurs a analysé les bouquets de dix grandes enseignes en février 2017. Résultat ? 49 molécules différentes sont identifiées, « dont des substances très persistantes dans l’environnement et des produits dangereux pour les abeilles (chlorothalonil, acétamipride, méthamidophos...) ». Pour nous permettre d’offrir des dahlias ou des tulipes sans éprouver de honte, Hortense Harang a créé l’entreprise Fleurs d’Ici au printemps dernier. Ses bouquets locaux et de saison — livrés à vélo ou à scooter électrique — sont des antidotes à la standardisation. Ils ont le charme de ceux qu’on cueille dans les jardins.

Slow Flower

Xavier Désiré cultive des roses divines en Seine-et-Marne, sous serre non chauffées et sans chimie. Rémi Moyer-Peschoux fait pousser de délicates pivoines ou du muguet pimpant à Etampes (Essonne). Hortense Harang a choisi de soutenir leur travail comme celui d’une vingtaine d’autres producteurs de fleurs franciliens. « Il s'agit de petites exploitations familiales, explique-t-elle.​ Malheureusement, elles sont menacées de disparition car la nouvelle génération préfère exercer d'autres métiers que celui, très exigeant, d'horticulteur. » Fleurs d’Ici s’inspire du mouvement Slow Flower, qui se développe aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Là-bas, des circuits courts s’organisent autour de petits producteurs de plantes et de fleurs comme c’est le cas pour les maraîchers.

Roses de Noël

Ces bouquets sont locaux mais certainement pas dépourvus de créativité. « Nous proposons plusieurs centaines de variétés !, s’enthousiasme Hortense Harang.

A chaque​ ​livraison, nous mettons en avant une fleur emblématique de la saison. En ce moment, nous proposons des hellébores, aussi appelées "roses de Noël" car ce sont les seules fleurs qui poussent sous la neige... Nous proposons aussi des couronnes de Noël ou encore des bouquets de houx et autres feuillages d'hiver. En janvier, nous aurons du camélia, en février, des tulipes, en mars des jacinthes et des narcisses... Puis d'avril jusqu'aux premières gelées, on trouve d'innombrables variétés dont les roses parfumées, les pivoines, les dahlias, les delphiniums, les lisianthus, les hortensias, etc. »

Aussitôt coupées, aussitôt livrées

Les fleurs sont cueillies 24 heures seulement avant d’être livrées, elles résistent donc bien plus longtemps que celles qui viennent de loin, coupées en général dix jours avant l’arrivée en magasin. Par ailleurs, les bouquets de Fleurs d’Ici cultivent la solidarité, puisqu’ils sont composés par des personnes en insertion. Seuls les habitants de Paris et la Petite Couronne ont pour l’instant le privilège de pouvoir en profiter (39 € pour un panier de fleurs livré à Paris, par exemple, ou 109 € l’abonnement d’un panier par mois, pendant trois mois). « Fleurs d'Ici a pour ambition de proposer des fleurs locales et de saison à tous les Français soucieux de l'impact social et environnemental de leurs achats », souligne Hortense Harang. Elle étudie la possibilité d’étendre son modèle à d’autres grandes villes de France, comme Bordeaux ou Lyon. La tâche y est plus difficile car les producteurs y sont plus rares qu’en Île-de-France. Mais la demande est là, de celles et ceux qui veulent que la poésie des fleurs soit enfin cohérente avec leurs conditions de production.