Ces dernières années, le parc automobile électrique ne cesse de croître, en particulier en Europe, en Amérique du Nord et en Chine. En 2024, TotalEnergies Fondation recensait 40 millions de véhicules électriques en circulation dans le monde, contre seulement 26 millions deux ans auparavant.
Ce type de mobilité fait émerger de nouvelles technologies associées. C’est le cas du "vehicle-to-grid", un procédé permettant d’utiliser l’énergie stockée dans la batterie pour alimenter son logement ou le réseau électrique local.
D’importantes économies
En France, la plupart des véhicules personnels, électriques ou non, servent à réaliser des trajets quotidiens pour se rendre sur son lieu de travail et en revenir. Peu d’entre eux utilisent donc chaque jour toute la capacité énergétique de leur batterie, comprise entre 50 et 100 kWh, alors qu’un trajet de 100 km consomme entre 15 et 20 kWh.
Une fois de retour chez soi, la batterie encore pleine peut être branchée à une borne bidirectionnelle. Celle-ci fonctionne de la même façon qu’une borne classique et permet de recharger la voiture mais elle offre aussi la possibilité d’alimenter son logement en électricité à l’aide d’une unité de contrôle intégrée.
Pour un foyer, cette technologie se révèle être un avantage financier considérable, en particulier l’hiver. En effet, elle permet de consommer lors des pics de consommation une électricité achetée pendant des heures creuses, au moment où la voiture électrique est branchée.
Un réseau électrique sous tension
Même si peu de Français ressentent aujourd’hui les tensions existantes sur le réseau électrique, celles-ci existent bel et bien. Le réseau doit être en permanence tenu à l’équilibre entre production et consommation. Si certaines sources d’énergie, dites "pilotables”, comme le nucléaire, le gaz et l'hydroélectricité, peuvent être activées et ajustées en fonction de la demande, ce n’est pas le cas de toutes celles que nous utilisons.
Des technologies comme le solaire ou l’éolien produisent de l’électricité en fonction du vent et du soleil. Elles répondent efficacement aux enjeux de la transition énergétique mais rendent plus difficile la stabilisation du réseau électrique.
Pour aller plus loin : Voitures électriques : où en est-on dans le recyclage de leurs batteries ?
Les moments de la journée durant lesquels la demande électrique est plus élevée deviennent par conséquent des périodes de tension, favorisant la hausse des prix. Ces pics de consommation se situent surtout le matin entre 8h et 12h et le soir entre 18h et 22h. Les heures creuses se situent plutôt de 13h à 17h en journée et de 22h à 6h la nuit. Entre minuit et 4h du matin, on parle même d’heures "super-creuses". Au-delà de son intérêt économique, le "vehicle-to-grid" possède donc également des vertus pour tous les usagers du réseau.
Alimenter sa ville
Cette technologie peut aussi être déployée à plus grande échelle, non pas pour alimenter uniquement son logement, mais l’ensemble du réseau. Le Cailar, petite ville de 2 500 habitants située dans le Gard, expérimente depuis 2020 l’autoconsommation collective.
Cette "communauté énergétique" s’est munie d'un certain nombre de technologies dans le but d’être autosuffisante sur le plan énergétique. Parmi elles se trouve un véhicule utilitaire électrique utilisé par la police municipale mais ayant également vocation à servir de batterie stationnaire. Cette initiative permet de maximiser les usages d’un même objet et d’en faire profiter l’ensemble de la communauté tout en réalisant des économies d’argent et d’énergie.
Ce système est encore peu répandu en France. Il fait face à un certain nombre de freins, tels que le manque de bornes de recharge adaptées. Le cadre juridique permettant aux particuliers de participer à l’alimentation du réseau électrique est par ailleurs encore lacunaire.
Le "vehicle-to-grid" se développe toutefois rapidement dans d'autres pays, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Japon. Les États-Unis sont quant à eux le pays où ce procédé est le plus avancé. En Californie et dans le Massachusetts, des projets locaux ont permis d’y convertir les bus scolaires, dont les horaires d’utilisation entrent parfaitement dans les besoins de cette technologie.