Les pesticides de synthèse dans les potagers, c'est fini. Depuis le 1er janvier, l'achat, l'usage et le stockage de produits phytopharmaceutiques, dont une liste actualisée est disponible sur le site du ministère de l'Agriculture, sont interdits aux particuliers et jardiniers amateurs français, en raison des risques liés à leur utilisation pour la santé et l'environnement. Mais même privé de Round-up -dont la substance active, le glyphosate, est classé depuis 2015 comme "probablement cancérogène" par le Centre international de recherche sur le cancer-, il est encore tout à fait possible de cultiver des tomates dans son jardin, à condition de mettre un peu la main à la pâte, ou de faire le choix du naturel.
Des alternatives naturelles
Le naturel, c'est d'ailleurs ce que conseille le ministère de l'Agriculture, qui précise que les produits de biocontrôle, les produits à faible risque et les produits autorisés en agriculture biologique sont de leur côté toujours disponibles à la vente, sous réserve que leur autorisation de mise sur le marché comporte bien la mention "emploi autorisé dans les jardins". La bouillie bordelaise (fongicide à base de cuivre), l'Herbistop (désherbant) ou encore certains insecticides, dont une liste est également proposée, resteront donc sur les étals à destination des particuliers. En France, des enseignes comme Jade ou Osmobio se sont d'ailleurs spécialisées dans des alternatives naturelles au glyphosate composées à partir d'huiles végétales. De telles gammes existent bien entendu pour les insecticides et les fongicides, à utiliser avec toutes les précautions qui s'imposent.
Mais pourquoi continuer à acheter lorsque l'on peut faire soi-même ? Dans un guide publié en anglais, le réseau Pesticide Action Network propose un certain nombre de solutions pour se passer de l'herbicide controversé, dont des méthodes préventives, une liste de pesticides bio, ou encore des recettes à destination de ceux qui voudraient composer leur propre désherbant naturel. Sans aller jusque là, ID listait il y a quelques mois sept astuces naturelles pour entretenir son jardin. Au menu notamment : du bicarbonate de soude pour désherber, des coquilles d'œufs broyées pour faire fuir les limaces, du citron pour éloigner les fourmis ou encore un point d'eau voire un hôtel à insectes pour attirer les coccinelles.
Un peu d'exercice et de (bio) contrôle
Dans sa brochure "Moins de produits toxiques", l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) recense également un certain nombre d'habitudes à adopter pour se passer de produits chimiques. Elle y cite par exemple, concernant les mauvaises herbes, le paillage du sol avec les déchets du jardin (tailles d’arbustes broyés, feuilles mortes, fleurs fanées, tontes de pelouse sèches), qui permet également de maintenir un sol nourri et de réduire l'arrosage, l'adoption d'une "tonte haute"pour les gazons ou encore l'utilisation d'une binette ou d'un sarcloir, voire d'eau de cuisson bouillante (brûlage thermique) sur les terrasses et les allées. Les maladies quant à elles pourront être combattues à l'aide de variétés horticoles ou potagères résistantes ou de décoctions de plantes préventives (purin d’ortie, de prêle ou de fougère...), tandis que la collaboration avec des prédateurs naturels, la rotation des cultures ou la création d'associations de plantes constituent de leur côté un bon moyen de lutter contre les ravageurs.
Pour les plus curieux, le site ecoconso fourmille également d'astuces et de recettes maison et naturelles d’insecticides, fongicides et améliorants à destination des particuliers. Dans le même esprit, l'association Générations Futures a également réalisé un dossier consacré à la question.
Et pour les agriculteurs ?
L'agriculture, qui pèse pour 90 % de l'utilisation des pesticides chimiques dans l'Hexagone, ne devrait être concernée par l'interdiction du glyphosate qu'en 2021. Mais pour accélérer la transition vers un autre modèle, le gouvernement a lancé, en novembre 2018, un site internet adressé aux agriculteurs, glyphosate.gouv.fr, qui répertorie un certain nombre d'alternatives au pesticide controversé. Celles-ci basées largement sur les conclusions d'un rapport de l'institut national de la recherche agronomique (Inra) publié l'an dernier.