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Environnement

Glyphosate : les alternatives pour s'en passer

Alors que l'Union européenne a annoncé, lundi 27 septembre, le renouvellement de la licence du glyphosate pour cinq années supplémentaires, le gouvernement français a de son côté fait part de sa volonté d'interdire cet herbicide sur son territoire d'ici trois ans. Et annoncé en parallèle son intention d'accompagner les agriculteurs pour instaurer des alternatives. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

C’est la fin d’un long feuilleton. Après plusieurs semaines d’incertitude, l’Union européenne a finalement renouvelé, lundi 27 novembre, la licence d’exploitation du glyphosate pour cinq années supplémentaires. Une décision qui a beaucoup fait réagir à travers l'Europe et notamment en France, où Emmanuel Macron a annoncé, dans la foulée, sa volonté de bannir l'utilisation de l'herbicide -le plus vendu au monde- sur le territoire "au plus tard" dans trois ans.

Pour ce faire, le gouvernement compte notamment sur le développement d'alternatives afin d'accompagner les agriculteurs dans leur transition vers un modèle qui exclurait le glyphosate, classé depuis 2012 comme "cancérogène probable" par le centre international de recherche sur le cancer.

L'agriculture ne datant pas d'hier, il existe en fait un certain nombre de solutions possibles pour se passer du glyphosate, mais dont l'adoption dépend notamment de la taille des exploitations, de leurs capacités financières et humaines, mais aussi du type de sol cultivé.

La méthode classique : le désherbage mécanique

En premier lieu, il y a la "bonne vieille" méthode du désherbage mécanique. Et notamment la technique du labour qui consiste, à l'aide d'outils manuels (tels que la binette), de charrues ou d'engins motorisés, à retourner les sols afin d'éliminer les mauvaises herbes. Une technique qui peut néanmoins peser sur l'état des sols et à laquelle on peut préférer le recours à la herse étrille, qui permet aussi d'éliminer les indésirables, sans trop pénétrer les sols.

Ensuite, il existe, comme le rapporte Le Monde, un certain nombre de solutions préventives, telles que la rotation des cultures, qui consiste à changer régulièrement de culture afin de limiter le développement des mauvaises herbes, ou encore le faux-semis, pour préparer le sol en amont de la culture, en faisant pousser les mauvaises herbes afin de les éliminer mécaniquement.

Les désherbants naturels

Mais il n'est pas toujours facile de se passer de pesticides, et là encore, un certain nombre d'alternatives naturelles au glyphosate existent. C'est le cas notamment du Beloukha, commercialisé par l'entreprise Jade et composé essentiellement d'huiles végétales. Avec, pour promesse, de disparaitre dans la nature en deux jours, et de ne présenter aucun danger pour l'homme. Une gamme de produits similaires existe également chez Osmobio, eux aussi élaborés à partir de végétaux et dont la formule a été reconnue comme inoffensive pour l'homme par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) en 2012. Pourtant Osmobio est toujours dans l'attente d'une réponse de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), dont l'homologation tarde à venir.

Dans l'idée de sensibiliser les agriculteurs à ces alternatives, le réseau Pesticide Action Network a d'ailleurs publié un guide (en anglais) qui passe en revue un certain nombre de solutions, dont des méthodes préventives, une liste de pesticides bio, ou encore des recettes à destination de ceux qui voudraient composer leur propre désherbant naturel.

Pourquoi cela reste compliqué

L'annonce d'Emmanuel Macron a pourtant fait bondir un certain nombre d'acteurs. Au premier rang desquels la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui estime qu'une sortie trop rapide du glyphosate sans alternatives fiables serait de nature à nuire au système agricole français, et notamment à la production industrielle, en raison notamment de la concurrence d'autres pays.

Parmi les défenseurs de l'herbicide, un certain nombre pointent notamment le coût financier et humain que représenterait la fin du glyphosate, en raison de la nécessité de changer les modes d'exploitation, mais aussi de la baisse de rendement estimée pour l'agriculture hexagonale qui pourrait représenter près de deux milliards d'euros de pertes pour le commerce extérieur français, selon l'Institut technique du végétal.

La FNSEA a de son côté annoncé le lancement, en 2018, d'une réflexion autour d'une limitation de l'usage de l'herbicide. Mais dans la course contre-la-montre qui s'engage, une collaboration étroite entre les acteurs du monde agricole et le gouvernement sera surement nécessaire.