Magasins noirs de monde, matraquage publicitaire, scènes de bagarres invraisemblables... Cette année encore, le "Black Friday", qui se tient vendredi 23 novembre, ne devrait pas faillir à sa réputation de grand-messe de l'hyperconsommation, avec 5,7 milliards d’euros de dépenses prévus rien qu'en France. Mais pour dénoncer cette frénésie d'achats qui s'empare d'une partie de la population, largement excitée par les promotions proposées par des enseignes bien décidées à tirer leur part du gros lot, des initiatives se déploient depuis plusieurs années afin de mettre en lumière des modèles de consommation plus responsables.
C'est le cas par exemple du collectif "Green Friday", dont l'ambition est de rappeler "que l’acte d’achat est un choix fort, avec des conséquences concrètes sur l’environnement lorsqu’il est motivé par des causes justes et durables". Lancé l'an dernier par le réseau Envie et désormais porté par une centaine de marques, il entend notamment sensibiliser le grand public à la réparation, à l'achat local ou encore au choix de produits labellisés. Autre engagement : les enseignes participantes ne proposeront pas de soldes, mais reverseront en revanche 15 % de leurs recettes du jour à des associations.
La logique qui sous-tend le Black Friday est celle d’une course au moins disant social et environnemental : comment produire toujours plus, à moindre coût, avec pour seul objectif une consommation aveugle, sans qu’en pâtissent l’environnement et les hommes ?", collectif Green Friday
De son côté, Greenpeace invite, dans le cadre d'une campagne de manifestations organisée dans 34 pays, à ne rien consommer pendant cette journée, et d'opter pour le "Do it yourself" et la réparation. Dans cette optique, l'ONG proposera notamment, du 23 novembre au 2 décembre, des ateliers de créations de cadeaux de Noël "durables", l'apprentissage de la cuisine sans déchets, des conférences sur comment vivre sans plastique ou encore des bourses d'échanges aux vêtements et aux livres.
Des gilets jaunes aux gilets verts
Alors que la première journée de mobilisation des "Gilets jaunes" a rassemblé près de 280 000 personnes dans les rues de l'Hexagone samedi 17 novembre, un nouveau mouvement partageant des motivations communes a vu le jour en parallèle. Pour les "Gilets verts" cependant, s'il est toujours bien question de protester contre la hausse de la taxe carbone, il n'est pas question pour autant de faire l'impasse sur les impératifs de la transition écologique, un point qui a pu être reproché au cours des dernières semaines à leurs homologues jaunes.
Leur objectif : "relier la justice sociale, l'exigence démocratique et l'urgence écologique", en réclamant notamment le développement et la gratuité des transports en commun, l'interdiction de tous nouveaux projets d'extraction fossile, le développement des voies cyclables et des circuits courts ou encore la taxation des transports aériens et maritimes. A cette heure, la page officielle compte quelque 19 000 inscrits, et des manifestations devraient avoir lieu le 8 décembre, date de la journée mondiale du changement climatique.
Invité de l'Emission politique, diffusée jeudi 22 novembre sur France 2, l'ancien ministre de la Transition écologique a évoqué une crise "évitable", en référence au mouvement des "Gilets jaunes". "Je me suis battu, et notamment les semaines qui ont précédé mon départ, pour qu'on change complètement d'échelle dans l'accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes", a-t-il notamment déclaré, appelant de ses voeux un "accompagnement social digne de ce nom".
Glyph’Awards
Star malheureuse de l'actualité du développement durable, le glyphosate a encore fait les gros titres cette semaine. Mardi 20 novembre, l'ONG Générations Futures a d'abord dévoilé un palmarès des départements français achetant le plus de pesticides, dominé par le Vaucluse, La Réunion, la Martinique, la Gironde et l'Aube, tandis que la Lozère ferme la marche. Une carte a été lancée pour l'occasion.
Le même jour, 22 Faucheurs volontaires déposaient plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteinte à l'environnement" contre les fabricants de pesticides après avoir constaté la présence de glyphosate dans leurs urines, à hauteur de 0,2 à 3, 4 nanogrammes/ml, contre les moins de 0,1 ng/ml prévus par le législateur européen. En marge, ils ont appelé les volontaires à participer à une campagne nationale de recherche de traces de glyphosate dans leurs urines.
L'Etat quant à lui a lancé jeudi un "site déclaratif où les agriculteurs qui "sortent" du glyphosate pourront partager leurs pratiques alternatives et encourager les autres".