Action de "Scientifiques en Rébellion" et "Extinction Rébellion" pour la réduction de l'utilisation des pesticides, jardin des plantes, Paris, France, mars 2023
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Climat

Scientifiques en Rébellion : "les COP échouent clairement à répondre à l'urgence"

Lassé par l'incapacité du système international à résoudre la crise climatique et environnementale, le collectif international Scientist Rebellion a organisé, en marge de la COP28, des COP alternatives et citoyennes dans les différents pays où il est implanté. Retour sur cette initiative.

À Dubaï, la COP28 bat son plein. Toutefois, entre des engagements internationaux bien en deçà des objectifs fixés à Paris en 2015 et un président de la COP à la tête d'une des plus grandes compagnies pétrolières du monde, l'événement interpelle. Face à l'inefficacité de la politique internationale dans la lutte pour le climat et l'environnement, les COP alternatives sont, pour Scientist Rebellion, l'occasion d'informer sur les enjeux environnementaux et climatiques et de réfléchir collectivement aux voies à emprunter pour affronter ces défis et adapter nos sociétés.

À Bordeaux, l’événement était coordonné par Scientifiques en Rébellion, la branche française du collectif Scientist Rebellion, fondé en 2020. Ce collectif s’est donné pour mission de sensibiliser les citoyens aux enjeux environnementaux en s'engageant dans la désobéissance civile pacifiste. Le mouvement revendique le rôle politique que les scientifiques ont à jouer dans la lutte pour le climat et contre l'érosion de la biodiversité. "C’est nous qui alertons depuis des décennies sur ces sujets. C’est nous qui sommes les plus au courant de la situation. Si nous ne passons pas à l’action, comment peut-on attendre du grand public qu’il le fasse à notre place ?" résume pour ID, Manua, coordinateur stratégique de Scientifiques en Rébellion.

Pourquoi une COP alternative ? 

Depuis 1996, les Conférences des Parties (COP) réunissent chaque année les signataires de la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques pour faire le point dans l’application des engagements pris en faveur du climat et en négocier de nouveaux. 

Les COP échouent clairement à répondre à l’urgence. Il faut absolument créer quelque chose en marge, fédérer les énergies, décloisonner tous les secteurs et ouvrir des espaces de réflexion", explique Manua, coordinateur stratégique pour Scientifiques en Rébellion.

Alors qu'en 2015 la COP21 avait fixé comme objectif de maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, la COP de Dubaï doit dresser le premier bilan de la mise en œuvre des accords de Paris. Or, l'Onu l'a déjà annoncé, les engagements climatiques actuels pris par les pays du monde placent la planète sur une trajectoire de réchauffement de l'ordre de 2,9°C d'ici 2100

Outre cet échec global de la scène internationale à contenir le réchauffement climatique, la COP28 apparaît particulièrement révoltante pour Scientifiques en Rébellion. Alors que la combustion des énergies fossiles est responsable de 80 % des émissions mondiales de CO2, Manua souligne avec consternation que "les bénéfices des compagnies pétrolières et gazières ont connu une croissance exponentielle en 2022, tandis que les émissions de dioxyde de carbone continuent leur ascension." Il ajoute avec préoccupation : "Abu Dhabi envisage d'augmenter sa production de barils de pétrole de 25 % d'ici 2027. Notons que le président de la COP 28 est le sultan Ahmed Al-Jaber, à la tête de la plus grande compagnie pétrolière et gazière des Émirats arabes unis."

Créer un pont entre scientifiques et grand public 

Alors, quand on lui demande pourquoi avoir organisé une COP alternative, la réponse de Manua est sans appel : "Pourquoi ? Parce que depuis la première COP à Berlin, les COP échouent clairement à répondre à l’urgence. Il faut absolument créer quelque chose en marge, fédérer les énergies, décloisonner tous les secteurs et ouvrir des espaces de réflexion."

La COP alternative de Bordeaux s'est tenue du 30 novembre au 3 décembre. Au menu : des tables rondes, des témoignages, des projections, des rencontres ou encore des prestations artistiques pour informer, partager et encourager l'action pour la préservation du vivant. Un programme dense qui porte en lui un objectif clair : "donner aux gens les clefs du savoir et du passage à l'action." Manua avance : "en tant que scientifiques, nous devons informer les gens pour que leur vision de la crise climatique et environnementale ne soit ni fataliste et apocalyptique, ni naïve."

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