Le changement climatique a déjà considérablement augmenté le nombre de jours pendant lesquels la glace de mer n'est pas assez épaisse pour que les ours polaires puissent chasser, les obligeant à vivre de plus longues périodes sans leur principale source de nourriture.
Dans cette nouvelle étude, parue dans la revue Communications Earth and Environment, les chercheurs ont examiné l'impact de différents niveaux de réchauffement climatique sur l'épaisseur de la glace estivale dans la baie d'Hudson et, par conséquent, sur le sort des ours polaires, espèce en voie de disparition.
Il en résulte que si la température moyenne de la planète augmentait de 2°C au-dessus du niveau pré-industriel (la limite posée par l'accord de Paris adopté en 2015), la période sans glace serait trop longue pour de nombreux ours, en particulier ceux du sud de la baie d'Hudson, qui dépendent de la banquise pour chasser leurs proies de prédilection, les phoques annelés et barbus, et se reproduire.
"Peu probable que ces ours survivent"
Selon les modélisations des chercheurs, à +2°C, la période sans glace dans la région pourrait dépasser six mois. Or historiquement, lorsque leur population était considérée dans un état sain, les ours de la région jeûnaient environ quatre mois. Pour chaque jour où il ne mange pas, un ours perd 1 à 2 kilos.
"Il est peu probable que ces ours survivent" avec un tel réchauffement, explique à l'AFP l'auteure principale de l'étude, Julienne Stroeve, climatologue de l'Arctique à l'Université du Manitoba, estimant qu'ils pourraient disparaître d'ici le milieu de ce siècle.
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La baie d'Hudson, dans le nord-est du Canada, est l'un des lieux emblématiques pour observer l'évolution des ours polaires. Or c'est aussi l'un des endroits qui subit le plus fortement les effets du réchauffement climatique.
En Arctique, ce phénomène est deux à quatre fois plus rapide qu'ailleurs dans le monde, ce qui affecte déjà le nombre d'ours polaires. En décembre 2022, une étude du gouvernement canadien avait déjà montré un déclin rapide de leur population dans la baie d'Hudson, à 618 contre 842 en 2016.
Les ours polaires de la baie d'Hudson sont "une espèce très emblématique du Nord. Elle ne couvre pas tout l'océan Arctique, mais cela sonne en quelque sorte comme un signal d'alarme" qui pourrait préfigurer le sort de l'ensemble des ours de l'Arctique, avertit Mme Stroeve.
Avec AFP.