Une étude parue dans la revue scientifique Nature ce 10 septembre 2025 accuse les grands groupes pétroliers et cimentiers d’accentuer et de causer les canicules.
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Climat

Canicules : les géants pétroliers et cimentiers mis en cause

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Depuis la canicule de 2003 qui a touché sévèrement la France, les épisodes de fortes chaleurs s’enchaînent. Une étude parue dans la revue scientifique Nature ce 10 septembre 2025 accuse les grands groupes pétroliers et cimentiers d’accentuer et de causer les canicules.On vous explique.

Le changement climatique bouleverse profondément les équilibres météorologiques : tempêtes, inondations, sécheresses prolongées… et surtout, canicules à répétition. En France, l’été 2025 est devenu le plus chaud jamais enregistré, selon Météo-France, juste derrière ceux de 2022 et 2003.

Or, la nouvelle étude parue dans Nature va plus loin : elle affirme que les émissions de gaz à effet de serre de certaines grandes entreprises  notamment les majors du pétrole  ont "significativement" aggravé ces extrêmes climatiques.

Des canicules rendues (presque) inévitables dans le monde

Selon le rapport, 213 vagues de chaleur ont été étudiées entre 2000 et 2023. Parmi elles, un quart n’auraient eu quasiment aucune chance de se produire sans l’influence humaine sur le climat. Autrement dit, elles auraient été quasiment impossibles dans un climat non réchauffé par les activités humaines.

L’étude conclut aussi que les grandes entreprises émettrices de CO₂ ont contribué pour moitié à l’intensification des canicules depuis l’ère préindustrielle.

Des entreprises directement mises en cause

Cette dernière s'appuie sur une méthodologie dite d’attribution climatique, qui permet de relier un événement météo extrême aux émissions de gaz à effet de serre. Résultat : 180 entreprises, principalement des groupes pétroliers, gaziers et cimentiers, sont pointées du doigt.

Parmi elles figurent quatorze géants de l’énergie fossile, comme Saudi Aramco, Gazprom, BP, ExxonMobil, Shell ou TotalEnergies. Selon les chercheurs, ces entreprises sont à l’origine de plus de la moitié des émissions d’origine humaine de CO₂ depuis 1850.

Une pièce à conviction pour les procès climatiques ?

Plus largement, ce rapport n’a pas seulement un intérêt scientifique. Il pourrait aussi devenir un outil juridique. "Le but de notre étude est scientifique, mais nous sommes conscients de son potentiel pour éclairer les dossiers devant la justice", souligne Yann Quilcaille, chercheur à l’ETH Zurich et auteur principal de l’étude.

De plus en plus de procès climatiques visent directement ces entreprises. Exxon, Shell, TotalEnergies ou encore l’énergéticien allemand RWE ont déjà été assignés. Dernier exemple : les habitants de l’île indonésienne de Pari, menacée par la montée des eaux, ont attaqué en justice le cimentier Holcim. Ils réclament réparation, estimant que l’entreprise, qui a émis plus de 7 milliards de tonnes de CO₂ entre 1950 et 2021, porte une part de responsabilité dans les dommages subis.