Entre 2022 et 2023, la population de loups en France a diminué de 9 %. Seulement, le pays n’a pas pour autant baissé le plafond d'abattages autorisés pour l’année 2024. "C’est comme si l'État assumait d’autoriser la destruction de 21 % de la population de loups," résume à ID Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité de France nature environnement (FNE). Dans un communiqué publié le 23 mai, cette association et six autres dénoncent cette décision.
Selon les chiffres de l'État de 2023, il y aurait 1003 loups en France actuellement. "Un gros stock," selon Jean-David Abel, mais cela pourrait s’empirer si les autorisations de tirs ne diminuent pas. "Dans certains départements, des meutes presque entières ont été tuées, de façon légale, grâce aux autorisations des préfets," rappelle le membre de FNE.
"Il est plus simple de tuer les loups que de protéger les élevages"
Pour l’année 2024, comme la précédente, l’autorisation a été donnée à 209 tirs. Une décision politique, d’après Jean-David Abel : "Tous les ans, certains syndicats professionnels tels que la FNSEA demandent un maximum de tirs. Leur objectif est d’augmenter ce plafond, car il est plus simple de tuer les loups que de protéger les élevages."
Les associations dénoncent un manque de considération de l'opinion scientifique, qui demande à ce que ce plafond soit immédiatement baissé. Le gouvernement est aussi pointé du doigt pour aller à l’encontre de ses obligations. "Ne pas adapter son plafond n’est pas conforme aux engagements internationaux de l'État, déclare Jean-David Abel. Le pays a des obligations légales par rapport aux espèces protégées, à sa propre loi et aux lois internationales."
On a chaque année beaucoup d'animaux qui sont retrouvés morts au bord des autoroutes et des voies ferrées"
D'autres facteurs expliquent ce déclin
Bien que le nombre de tirs autorisé soit en cause, ce n’est tout de même pas l’unique facteur de la diminution du nombre de loups en France. La concurrence interne à l’espèce est également en cause. En changeant de territoire, les jeunes loups et leurs parents peuvent se retrouver face à d’autres meutes et mourir dans les conflits qui les opposent. Les trajets pour se rendre vers ces nouvelles terres peuvent aussi mettre en danger les loups. "On a chaque année beaucoup d'animaux qui sont retrouvés morts au bord des autoroutes et des voies ferrées," rappelle Jean-David Abel.
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Selon Jean-David Abel, cette diminution de population et l’autorisation de tirs soulèvent un sujet plus profond : celui du rapport entre les hommes et la nature. "Nous sommes évidemment conscients des problématiques des agriculteurs, mais nous ne pensons pas qu’il y ait une analogie entre élevage et cohabitation avec les loups," soutient le membre de FNE.