Sous l’effet du réchauffement climatique, les pays du Moyen-Orient sont aujourd’hui confrontés à des épisodes de sécheresse de plus en plus intenses qui ne sont pas sans conséquence sur l’accès aux ressources en eau. Pour faire face aux pénuries, certaines régions, à l'image des Emirats arabes unis, tentent de s’adapter et misent sur l’installation d’usines de dessalement afin de transformer l’eau de mer en eau potable.
Connu pour son luxe et sa démesure, la ville de Dubaï a également investi 15 millions de dollars en 2017 dans l’ensemencement des nuages (ou cloud seeding, en anglais). Inspirée d’une technologie britannique, cette solution s’appuie sur l’utilisation de drones qui dispersent du sodium, du dioxyde de carbone et de l’iode sur les nuages ce qui provoque des pluies artificielles, explique Sciences et Vie, dans un article publié le 22 avril dernier.
A lire aussi : Eaux usées recyclées : utiles mais pas la "solution magique"
Les pluies artificielles au secours de l’agriculture ?
En France, cette innovation suscite l’intérêt de certains agriculteurs qui se tournent notamment vers l’Anelfa - association nationale d’étude et de lutte contre les fléaux climatiques pour être accompagné dans le développement de cette pratique.
Pour ensemencer les nuages, cette structure, qui a vu le jour en 1951, n’utilise pas des drones mais un réseau de générateurs terrestres conçus pour diffuser des particules d’iodure d’argent afin de limiter les dégâts lors d’épisodes d’orage et de grêle.
"Pour les nuages à température négative, on ensemence en iodure d’argent pour augmenter le nombre de cristaux de glace qui deviendront des flocaux de neige, puis des gouttes de pluie", précise l’Anelfa sur son site, avant d’ajouter : "pour les nuages à température positive, on augmente le nombre de gros noyaux de condensation (appelés noyaux géants) en ensemençant avec des sels (il faut 100 000 fois plus de sel que d’ioduire d’argent pour espérer une même augmentation de pluie)".
Vers un encadrement juridique ?
Bonne ou mauvaise idée ? La question divise. Au-delà de son efficacité, certains scientifiques pointent du doigt l’impact de l’utilisation d’iodure d’argent sur l’environnement, tandis que d'autres considèrent cette méthode comme une forme de maladaption au changement climatique.
Afin de limiter les dérives, des voix s’élèvent par ailleurs pour demander sa réglementation. L’écrivain et ancien avocat, Mathieu Simonet va encore plus loin et plaide pour la création d’un droit aux nuages et leur reconnaissance au patrimoine mondial de l’Unesco.
"Ce serait le moyen d’amorcer un processus de protection des nuages, et donc de réglementation. On ne peut pas laisser cette technologie dans un Far West juridique et continuer de tolérer que chacun joue, à sa guise, aux apprentis sorciers", expliquait-il le 28 mars 2024 à Libération.
Il préconise ainsi de lancer des études d’impacts lorsqu’un ensemencement est réalisé, mais aussi de "poser des limites à l’échelle internationale pour éviter toute ‘guerre des nuages’", comme il existe aujourd’hui des "droits et des accords pour les océans".