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Tendances

Inondations et fortes chaleurs: le réseau RATP à l'épreuve du changement climatique

Vagues de chaleurs, pluies diluviennes ou encore crues de la Seine et de la Marne: le réseau de la RATP en région parisienne doit s'adapter aux conséquences du réchauffement du climat, particulièrement prononcées dans une ville comme Paris.

"On est une région dense, très peuplée, sur un périmètre géographique étroit, urbanisé et avec un taux d'usage des transports sans comparaison possible avec les autres régions", souligne le vice-président de la région Ile-de-France chargé de la transition écologique, Yann Wehrling.

En visite dans l'atelier de maintenance de la ligne 14 du métro parisien, il admet être surpris par la rapidité des effets du changement climatique. "On pensait que c'était quelque chose qui nous laissait le temps, mais on a constaté qu'il fallait accélérer l'adaptation", dit-il.

A la RATP, le sujet est intégré depuis une dizaine d'années. Le déraillement du RER B après un affaissement de talus sur le sud de la ligne en juin 2018 à cause d'intempéries est encore dans toutes les mémoires.

L'accident, survenu avant 5H00 du matin, n'avait fait que sept blessés légers, un bilan presque miraculeux au vu des dégâts.

Depuis, la RATP a identifié cette zone proche de la gare de Courcelle-sur-Yvette, à la limite entre l'Essonne et les Yvelines, comme sensible lors de fortes pluies, et y renforce régulièrement les infrastructures.

Risques de crues 

"La remise en état du talus et les dépenses associées, ça a été 4,5 millions d'euros. Les travaux de réfection ou de consolidation d'un talus, c'est plutôt de l'ordre de quelques centaines de milliers d'euros", détaille David Courteille, directeur technique de la gestion des actifs chez RATP Infrastructures.

David Courteille est également chargé du plan de prévision des risques inondation, echaffaudé au début des années 2000 à la RATP.

Ce plan a identifié entre 425 et 430 points d'entrée d'eau potentiels sur le réseau, notamment dans les stations et centres bus proches de la Seine ou de la Marne.

En cas d'alerte crue lancée par Météo-France, "on a en général 48 heures pour déployer l'ensemble des protections", assure M. Courteille.

Quelque 700 agents de la régie sont formés à l'installation de parpaings pour protéger les stations des infiltrations d'eau. Ces derniers sont peu à peu remplacés par des batardeaux (sorte de grandes plaques) en aluminium, qui prennent moins de place de stockage et surtout, ne sont pas périssables contrairement aux 150 tonnes de mortier dont dispose la RATP pour les parpaings.

La dernière fois que la RATP a eu recours à de telles mesure pour protéger son réseau en bord de Seine, c'était en 2018. "Par contre sur la Marne, c'est quasiment tous les deux ans, notamment pour les centres bus bord de Marne et à Neuilly-Plaisance", explique David Courteille.

Gilet rafraîchissant 

Le changement climatique et l'augmentation des températures conduit à "une hausse des précipitations en période hivernale, au moins sur la moitié nord du pays", augmentant ainsi le risque de crues, d'après Frédéric Long, prévisionniste chez Météo-France.

Le réseau de transport en commun se prépare aussi aux vagues de chaleur, de plus en plus longues et intenses dans une France réchauffée de 2,7 °C en 2030, scénario inquiétant mais réaliste que le gouvernement français a retenu pour sa politique d'adaptation.

Depuis 2016, l'autorité des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM) s'est donnée pour objectif de climatiser l'ensemble des transports en commun.

Actuellement, 60% des bus sont climatisés, deux tiers des RER et la moitié des métros sont équipés de ventilation réfrigérée (un dispositif qui ne permet pas de contrôler précisément la température des rames mais évite des rejets d'air chaud qui rendraient la température des stations insupportable).

Dernière innovation en date côté RATP: un gilet rafraichissant pour ses agents travaillant en sous-terrain. Plongé dans l'eau froide pendant quelques minutes, il permet une réduction de la chaleur ressentie de 5 à 8 degrés pendant 5 à 10 heures.

Avec AFP.