Selon Bpifrance, en dépit de l’importance de l’adaptation au changement climatique, 68 % des dirigeants de PME et ETI ne la considèrent pas comme une priorité stratégique.
Quelles sont leurs priorités, d’ailleurs ? D'autres risques perçus comme plus immédiats, "tels que les risques de marché, les risques cyber, les risques liés à la production et les risques géopolitiques".
Si seulement 12 % d’entre eux ont défini une stratégie d’adaptation, c’est sans doute parce que 57 % des interrogés estiment que leur entreprise est, aujourd'hui, faiblement exposée aux aléas climatiques.
Dans le détail, Bpifrance Le Lab note que seuls 24 % de ces dirigeants considèrent que les activités de leur entreprise sont vulnérables aux vagues de chaleur. De même, seuls 20 % redoutent les sécheresses et le manque d’eau, 15 % les inondations et 6 % les retraits-gonflements des sols argileux.
Entre 2024 et 2030, soit six années, les cartes évoluent fortement et laissent imaginer des bouleversements majeurs et rapides pour de nombreuses entreprises dus au dérèglement climatique.”
D’un autre côté, ces dirigeants ont tout de même déjà commencé à adapter leur entreprise au changement climatique. Au total, 68 % utilisent des technologies économes en eau, 63 % ajustent les horaires de travail et 51 % rénovent énergétiquement leurs bâtiments... Mais "seulement 16 % ont réalisé un diagnostic de vulnérabilité climatique".
Manque de stratégie et d’accompagnement ?
D’après Bpifrance, "ces actions, bien que bénéfiques, manquent d'une stratégie globale et structurée". Le premier moteur serait la conviction personnelle des dirigeants et ce "bien avant la perception d’opportunités ou les contraintes externes".
Deux autres facteurs encourageant le passage à l’action ont été identifiés : "le traumatisme de sinistres climatiques passés et les interrogations sur le sujet des parties prenantes de l’entreprise".
"Ainsi, un dirigeant d’entreprise ayant déjà rencontré des difficultés d’approvisionnement en matière première à cause d’un aléa climatique va tenter d’apporter des solutions pour ne plus jamais courir le risque d’interrompre à nouveau son activité, estime-t-on. Les dirigeants ayant déjà subi des sinistres liés à des inondations, canicules, sécheresses ou tempêtes sont davantage poussés à l’action". Bpifrance ajoute que dans un autre registre, "si les dirigeants de PME et ETI sont directement interrogés au sujet de l’adaptation de leur entreprise, ils sont plus susceptibles de se saisir du sujet".
La question de l’accompagnement
Le problème vient-il aussi d’un manque d’accompagnement ? Ce sont tout de même 60 % des dirigeants interrogés qui concèdent "ne pas connaître les dispositifs d’accompagnement et de financement à leur disposition pour adapter leur entreprise au changement climatique".
Se tournent-ils vers leur assureur pour demander conseil ? Ces dirigeants de PME et ETI n’identifieraient pas leur compagnie d’assurance comme "un acteur susceptible de leur offrir un accompagnement en matière d’adaptation". Seuls 23 % ont été interrogés par leur compagnie d’assurance sur les actions mises en place dans leur entreprise afin de s’adapter au changement climatique, lit-on également.
Le cabinet de conseil en stratégie des PME remarque en tout cas que la perception actuelle des dirigeants "laisse les entreprises vulnérables aux impacts croissants du changement climatique, qui peuvent déjà affecter la chaîne de valeur par des hausses de prix, des retards de livraison et une diminution de la fréquentation des clients".
Le phénomène serait loin d’être marginal : plus d’un tiers des sondés ont en effet déclaré que leur entreprise avait déjà été impactée par des événements climatiques par le passé.
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Pour se faire une idée plus précise des risques climatiques à venir, Bpifrance a d’ailleurs publié une série de cartes inédites (p. 13 à 17), conçues avec sa direction des risques. "Entre 2024 et 2030, soit six années, les cartes évoluent fortement et laissent imaginer des bouleversements majeurs et rapides pour de nombreuses entreprises dus au dérèglement climatique."
Le laboratoire d’idées précise que l’enquête, baptisée "L’adaptation des PME et ETI au changement climatique" a été menée entre juin et septembre 2024 auprès d’un échantillon de 380 dirigeants (excluant les dirigeants d’entreprise de moins de 10 salariés). La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode de quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région, selon les données de l’Insee.