Jour J pour le lancement d’Indigo. Toute l’équipe est dans les starting-blocks, alors que l’application d’échanges solidaires est dévoilée au grand public ce 30 avril. Stéphane de Freitas, tête pensante du projet, nous accueille dans les locaux encore vides du Ground Control dans le douzième arrondissement parisien. Dès ce soir, le vaste hangar sera noir de monde pour la soirée de lancement en grandes pompes de l’application : village solidaire, foodtruck, concerts et guest stars seront au rendez-vous.
Solidarité, générosité et économie circulaire : voici les trois grands principes d’Indigo. "C’est une plateforme qui réunit des milliers de gens décidés à offrir des objets dont ils souhaitent se débarrasser plutôt que de les jeter à la poubelle. Autrement, ils peuvent offrir des services, que ce soit pour aider son voisin à remplir sa fiche d’impôts, réparer son vélo ou déménager. Ça peut être tout et n’importe quoi !", nous résume le fondateur. "On a tous chez nous des choses à recycler, que l’on peut offrir à des personnes pour leur permettre de faire des économies. On n’a pas non plus besoin d’acheter sans cesse, de surconsommer : on peut s’adresser à quelqu’un autour de soi qui peut nous dépanner gratuitement".
Sept ans plus tard, l’application voit enfin le jour...
Le soleil printanier brille timidement sur la capitale cet après-midi-là. Stéphane de Freitas prend le temps de s’attabler avec nous à la terrasse déserte du Ground Control. L’heure approche : derniers réglages, dernières installations et l’application sera dévoilée au grand jour. Pas vraiment stressé, le jeune entrepreneur semble plutôt satisfait.
Il faut dire que la maturation du projet aura pris du temps : c’est en 2012 qu’est née l’idée d’Indigo, l’une des multiples casseroles sur le feu de l'entrepreneur, également à l’origine du réseau "Eloquentia" - des concours d’éloquence destinés aux jeunes – et du documentaire dédié, "À voix haute".
"Eloquentia a été créé en 2012, en même temps que la coopérative Indigo. Sauf qu’elle, elle a mis des années à se développer : il fallait trouver de l’argent et à l’époque peu de gens croyaient à ce système !"
Aujourd’hui, tout le monde y croit, à l’image de ces nombreuses personnalités qui s’engagent et participent à la création du réseau d’entraide : Lisa Azuelos, qui propose son aide au développement d’un scénario, Mathieu Chedid, qui offre ses services pour des cours de guitare, ou encore Kery James, qui propose de participer au tournage d’un de ses clips.
Il n’y a plus qu’à espérer un accueil chaleureux du grand public : "On espère vraiment lever une vague d’entraide sans précédent". Les tests de l'application, réalisés ces derniers mois (depuis octobre) se sont révélés plutôt concluants : "il y a même quelqu’un qui a proposé une moto !", sourit le jeune homme.
Une "monnaie sociale" fictive
Disponible sur Apple et Android, on y trouve tout type de bien. De la moto aux pin’s de notre enfance qui encombrent les fonds de tiroir, plus rien n’est à jeter, tout se recycle. Dans l’idée, les biens proposés sont, pour la plupart, des objets élémentaires du quotidien : vêtements, meubles, électronique, et même alimentation. En termes de services, les propositions peuvent aller de la peinture au déménagement, en passant par le bénévolat auprès d’associations - Coexister, Zero Waste France, ou encore Unis-cité font partie des partenaires de l’application. En résumé, "tout est possible et imaginable, la seule contrainte est de le faire gratuitement".
Indigo a mis en place sur sa plateforme un système de "monnaie sociale", fictive, dans le but de fédérer de l’engagement. Chaque personne inscrite reçoit des digos, qui lui permettront "d’acheter" sur le marketplace. Ce porte-monnaie fructifie à mesure des échanges que l’on fait : plus on propose de biens ou de services, plus on gagne des digos. "En gros, plus on est généreux, plus on devient riches !". Ce système permet ainsi de créer une boucle et d’inciter les gens à participer à l’économie circulaire de la plateforme.
Pourquoi maintenant ?
Je pense que c'est une question d’enjeu générationnel. Au début des années 2000 dans les banlieues, les jeunes commençaient à dénoncer le système, on a vu des bonnets rouges, des nuits debout, jusqu’à aujourd’hui des gilets jaunes... Ce qui est pointé du doigt, c’est l’absurdité de ce système pyramidal.
Pour moi, l’idée est partie d’un constat simple : dans le monde, il y a 26 personnes qui détiennent autant de richesses que la moitié du globe. De l’autre côté, il y a plus de 600 millions d’individus qui vivent sous le seuil de pauvreté. C’est de la folie. Alors de manière inéluctable, on va devoir inventer des systèmes complémentaires.
On cherche sans arrêt des solutions au système économique actuel qui est totalement déséquilibré. Cette application propose une solution. Et elle pourrait permettre de réduire ces inégalités. L’idée d’Indigo c’est de changer notre quotidien, faire des économies et être acteur de la préservation de l’environnement." - Stéphane de Freitas, artiste et entrepreneur social, fondateur d'Indigo
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