Métiers de l’économie verte : où sont les femmes ?

 4 millions. C’est le nombre de personnes qui occupait un emploi de l’économie verte en 2019. Amené à se développer afin de répondre aux défis à venir, ce secteur englobe les métiers potentiellement verdissants, autrement dit qui intègrent peu à peu les enjeux de la transition écologique ainsi que les métiers dits "verts", c’est-à-dire qui visent directement à protéger l’environnement. D’ici 2050, plus d’un million d’emplois verts doivent être créés en France, d’après l’Ademe. Ces futurs recrutements profiteront-ils pour autant aussi bien aux hommes qu’aux femmes ?  

Pour l’heure, les signaux en matière de représentation femmes-hommes sont plutôt au rouge. Selon une étude de l’Insee, parue en juin 2023, la mixité des métiers dits "verts" reste faible, puisque seul un poste sur six (16 %) dans ce domaine est occupé par une femme. Parmi les différents secteurs en développement, celui de l’énergie peine notamment à se féminiser. Selon le dernier bilan de l’IEG paru en 2017, 36 758 femmes exerçaient une profession au sein des industries électriques et gazières, soit 27,2 % des effectifs.

Le constat est clair : nous avons besoin d’un véritable choc d’attractivité pour attirer les talents féminins dans cette filière d’avenir, et il nous faut travailler sur les moyens à mettre en oeuvre pour faire avancer la féminisation dans ce secteur”, soulignait Sylvie Jéhanno, PDG de Dalkia et présidente du prix Women’s Energy in Transition, dans une tribune publiée le 2 mars dernier dans Les Echos. 

Une sous-représentation à nuancer 

Si les femmes sont aujourd’hui minoritaires dans les métiers de l’économie verte, elles sont toutefois plus présentes que les hommes dans les postes qualifiés. Dans les métiers verts, "46 % d’entre elles sont cadres et 26 % ont un emploi correspondant à une profession intermédiaire, alors que leurs collègues masculins sont très majoritairement ouvriers (64 %)", relève l’Insee. On les retrouve davantage à des postes de responsables qualité, sécurité et environnement (12 %), de chargées de mission environnement (5 %) ou encore de responsables environnement (3 %) ou d’ingénieures environnement (3 %).  

"Ce sont des métiers qui attirent davantage de femmes. On le remarque à notre échelle : deux tiers de nos candidats sont des candidates", appuie Caroline Leroux, fondatrice et CEO de Birdeo, cabinet de recrutement spécialisée dans la RSE et le développement durable.  

Dans les métiers verdissants, les femmes sont également "proportionnellement plus nombreuses parmi les professions les plus qualifiées", note le service des données et études statistiques (SDES). Elles s’imposent notamment dans les activités liées aux achats et tourisme-animation (72 %) ou encore le design industriel (53 %). 

Quid de la rémunération 

Cette différence entre femmes et hommes peut s’expliquer par le niveau d’études. A titre indicatif, dans les métiers verts, "61 % des femmes sont diplômées du supérieur long, contre 18 % seulement des hommes", note l’Insee avant d’ajouter : "Elles sont aussi près de deux fois plus nombreuses à avoir un diplôme de ce niveau que l’ensemble des femmes en emploi (33 %)."  

Un constat partagé par Caroline Renoux. "La plupart de nos candidates sont des cadres expérimentées avec au moins un Bac +4 et une formation spécifique en lien avec la transition écologique", observe-t-elle. 

Si ce niveau de qualification permet aux femmes d’accéder à des postes-clés dans les métiers de l’économie verte, qu’en est-il du côté de leur rémunération ? Celle-ci est-elle équivalente à celle des hommes ? Difficile d’évaluer de manière précise l’écart salarial dans ce secteur.  

Dans son baromètre annuel, publié en juin 2023, l’Apec (association pour l’emploi des cadres) indique toutefois que, dans le secteur privé, "les hommes continuent de gagner 15 % de plus que les femmes cadres”. A profil et poste comparables, cet écart s’élève à 7 % et s’accentue avec l’âge : "à 3 % pour les cadres chez les moins de 35 ans, il atteint 10 % pour ceux de 55 ans et plus." De quoi donner un aperçu des efforts qu’il reste à fournir pour parvenir à la parité femme-homme en entreprise.