Acteurs majeurs de la sécurité civile, les sapeurs-pompiers de France affichent leurs inquiétudes face aux missions exponentielles et aux tensions budgétaires accentuées par le chaos gouvernemental, à la veille de leur congrès national qui se tient de mercredi à vendredi au Mans.
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Société

Les pompiers "en surchauffe" pour leur congrès national

Acteurs majeurs de la sécurité civile, les sapeurs-pompiers de France affichent leurs inquiétudes face aux missions exponentielles et aux tensions budgétaires accentuées par le chaos gouvernemental, à la veille de leur congrès national qui se tient de mercredi à vendredi au Mans.

"On monte en charge en permanence sur le secours du quotidien. Mais surtout, ce qui nous impacte aujourd'hui, c'est le dérèglement climatique", affirme Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).

"Depuis trois ou quatre ans, on se prend des événements climatiques très forts, les feux de forêt, mais aussi des inondations, des tornades qui rentrent aujourd'hui dans les risques courants. Et une tornade de quelques minutes dans une commune, c'est 4 ou 5.000 interventions", relève M. Bosland.

Selon le rapport de synthèse issu du Beauvau de la sécurité civile (une concertation d'avril 2024 à avril 2025 pour repenser le modèle), les sapeurs-pompiers assurent près de 4,8 millions d'interventions annuelles contre 3,6 millions il y a 20 ans.

Ce sont 13.074 interventions par jour, soit une toutes les 6,6 secondes, détaille l'Institut des sciences et de l'ingénierie des systèmes (INSIS) pour 2023.

Le secours aux personnes est en croissance permanente et représente 86% du total des interventions. Les incendies ne représentent que 6% de l'activité générale des "soldats du feu".

Vers une réforme de la sécurité civile, 21 ans après la précédente

"Aujourd'hui, on réfléchit à réorganiser notre réponse opérationnelle. On doit faire la mission d'urgence, c'est pour sauver des vies. Mais il faut retravailler les missions secondaires", défend M. Bosland, appelant à "une nouvelle loi de modernisation de la sécurité civile, 21 ans après la première".

Pour son 131e congrès, la FNSPF espérait des annonces gouvernementales fortes, dont cette nouvelle loi, mais la crise politique risque de doucher leurs attentes.

A l'issue du Beauvau de la sécurité civile, 100 préconisations avaient été faites et présentées par le ministre démissionnaire François-Noël Buffet début septembre, pour redonner de l'air aux 255.000 sapeurs-pompiers en France, dont 200.050 volontaires, 43.450 professionnels et 11.500 militaires (Paris et Marseille uniquement).

"C'est un système en surchauffe, à bout de souffle", alerte le vice-président de la FNSPF, Marc Vermeulen. "Nous sommes pleinement impactés par les difficultés budgétaires de nos principaux financeurs que sont les communes et les conseils départementaux. Donc il y a besoin d'élargir l'assiette du financement".

"Il y a vraiment une double inquiétude sur à la fois une augmentation du risque tant en intensité qu'en fréquence, une sollicitation du quotidien qui a besoin d'être centrée et un modèle de financement qui a besoin d'être diversifié et renforcé", insiste M. Vermeulen, plaidant pour une taxe de séjour acquittée par les touristes et pour une valorisation du volontariat.

"Plus de reconnaissance" 

Eloïse Vermière, 21 ans, est depuis quatre ans "sapeur-pompier volontaire" dans le Jura et pour le SDIS de Haute-Savoie, en parallèle de ses études à Lyon. "Après le travail, on se met d'astreinte et on attend que ça +bipe+."

"J'adore quand le bip sonne, partir, cette adrénaline, pouvoir aller aider la population, que ce soit sur un incendie, pour protéger leurs biens ou alors sur un sauvetage animalier, ou tout simplement, aider une petite mamie qui a fait un malaise", raconte la jeune femme, motivée par le contact humain de cette mission.

Elle perçoit une indemnité horaire de 8,60 euros par intervention. "Si j'ai deux gardes postées de 12 heures, plus un week-end dans le mois, je suis à peu près à 150-200 euros", précise-t-elle.

La FNSPF aimerait une revalorisation de l'engagement des volontaires, notamment une reconnaissance de leurs missions dans le calcul des retraites, alors que les pompiers "recrutent toujours autant mais n'arrivent pas à garder, les nouvelles générations s'engagent moins longtemps", s'alarme M. Bosland.

"Peut-être que des gens attendent un peu plus d'argent, un peu plus de reconnaissance. Pour le moment, moi, ça me convient. J'ai mes petites vacations qui me servent d'argent de poche", relativise Eloïse Vermière qui réfléchit à devenir pompier professionnel.

Avec AFP