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Kaps, la colocation version solidaire

Lancé en 2010 par l’Association de la fondation pour la ville (Afev), le programme Kaps (pour koloc’ à projets solidaires) propose chaque année à des étudiants d’accéder à des logements en colocation à loyers modérés en échange d’un engagement solidaire. Une initiative qui rencontre un certain succès, avec quelque 700 places réparties dans une trentaine de villes proposées en 2017. Marie-Lise Bertrand, chargée de mission ingénierie logement pour l’Afev, revient sur la substance de ce projet.

En quoi consiste le dispositif « Kaps » ?

C’est simple. Au travers de ce projet innovant, l’Afev permet à des jeunes de vivre en colocation et de s’engager avec des habitants dans des quartiers populaires. Les colocataires, qu’on appelle des « kapseurs », mènent pendant toute l’année scolaire, de septembre à juin, des actions de solidarité pour et avec leurs voisins. En pratique, ça représente environ 3 à 5 heures de bénévolat par semaine, en fonction des périodes. Ainsi, chaque colocation développe des activités solidaires pour animer la vie du quartier avec ses habitants. 

Comment est né ce projet ?

Il s’agit de l’adaptation d’une initiative belge, les « kots-à-projet », portée par l’université de Louvain-la-Neuve depuis les années 1970. Il s'agit de grandes colocations qui mènent ensemble un projet pendant toute leur année scolaire. L’Afev a décidé de développer cette idée en France depuis 2010, mais plutôt dans des quartiers prioritaires.

Quels sont les avantages concrets pour les étudiants ?

Pour les étudiants, c’est une occasion de s’engager pendant un an avec des habitants dans un quartier populaire tout en ayant accès à des logements en colocation –proposés par le Crous ou les bailleurs sociaux- à prix modérés. Par exemple, le loyer dans un T6 de 92 m² à Paris est d’environ 340 euros par colocataire. A Lyon, il faut compter 285 euros pour un T4 de 80 m².

Je pense que l’argument financier attire forcément les étudiants, mais cette forme de colocation leur ouvre aussi la possibilité de vivre leur habitat autrement. Le fait de s’impliquer quotidiennement pour les habitants et aussi de créer du lien social pendant une année est quelque chose qu’ils n’avaient pas envisagé.

Qui décide des activités qui vont être menées pendant l’année ?

Au départ l’Afev et les équipes de quartier vont définir les grandes thématiques autour desquelles les étudiants vont devoir travailler. Par exemple, il peut s’agir de créer du lien intergénérationnel ou de proposer plus d’activités dans un quartier. C’est aux étudiants de monter leur projet.

Avez-vous des exemples d’activités mises en place par les étudiants ?

Il existe de nombreuses déclinaisons possibles. Accompagnés par les équipes de l’Afev, les étudiants peuvent par exemple animer des temps de convivialité entre voisins, ou encore s’impliquer dans l’accompagnement des enfants et des adolescents en fragilité.

Dans la ville de Lyon, des kapseurs ont développé des activités culinaires et animent des ateliers de cuisine mensuels. Concrètement cette initiative permet de resserrer le lien intergénérationnel et d’être sensibilisé à de nouveaux modes de consommation autour d’une thématique.

Quels sont les critères pour ceux qui voudraient rejoindre Kaps ?

Pour devenir kapseur, il faut avant tout être motivé. C’est la première chose que nous regardons chez les candidats. Les colocataires sont en complète immersion dans les quartiers où ils sont à la fois bénévoles et habitants et doivent pouvoir effectuer des actions de solidarité pendant toute leur année scolaire. Pour le reste, nous recrutons des jeunes entre 18 et 30 ans qui sont étudiants, apprentis, jeunes actifs ou en service civique, après validation de leur dossier. Chaque année, les candidatures sont ouvertes entre les mois de mai et d’octobre sur le site de l’Afev.

En partenariat avec Le Social Lab sur France Inter