©Elodie Horn/ID
Social

"Solidhair" : couper ses cheveux pour la bonne cause

Et si vos cheveux vous permettaient de faire une bonne action ? L'association Solidhair les récolte afin d'aider les personnes atteintes du cancer à se payer une prothèse capillaire.

"Je ne suis pas sûre que tu aies suffisamment de cheveux pour faire un don. Si on coupe, tu auras la tête vraiment rasée", avertit Eva Magnaud. Elle est propriétaire du salon Comptoirs de style, qui se situe en plein cœur de Lyon. Milla qui arbore actuellement une coupe au carré reste pourtant bien décidée à se délester de 25 centimètres de cheveux pour Solidhair, le minimum demandé pour faire un don à l'association. "Ma grand-mère est décédée du cancer il y a quelques années. J'avais envie de couper mes cheveux au même moment que les siens sont tombés et finalement je ne l'ai jamais fait", explique-t-elle. A 21 ans, Milla qui poursuit des études de chimie est déterminée à rendre ce dernier hommage à son aïeule.

©Elodie Horn/ID

25 centimètres de cheveux naturels

Lancée depuis 3 ans en France, l'association Solidhair récolte des cheveux afin de les vendre aux perruquiers. Les fonds récoltés permettent d'aider à financer des prothèses capillaires à des personnes précaires et qui ont perdu leurs cheveux à la suite d'une chimiothérapie. Les conditions à remplir pour faire un don sont d'avoir des mèches au minimum de 25 centimètres, ainsi que des cheveux naturels, qui n'ont jamais subi ni coloration ni henné. Eva Magnaud, depuis qu'elle possède son propre salon, a décidé de faire partie des 1000 coiffeurs partenaires de Solidhair à travers la France. "Lorsque j'ai découvert que l'association se lançait, je l'ai directement contactée. Pour moi c'était évident de m'inscrire dans cette démarche, ça fait tellement mal au cœur de jeter ces cheveux. C'est une façon pour moi aussi de lier mon activité à un engagement associatif", souligne la professionnelle. Cette démarche lui semble d'autant plus naturelle qu'elle a existait déjà au Mexique, son pays d'origine. "Des membres de ma famille postent régulièrement des vidéos de personnes qui donnent leurs cheveux. Ça se fait énormément au Mexique, même dans des centres commerciaux, c'est comme ça que je me suis intéressée à la question", ajoute-t-elle.

Un cheminement personnel

Depuis, elle accueille au moins un client par semaine, qui comme Milla souhaite faire un don. La coupe leur est offerte mais si elles n'ont pas pris cette décision en amont, difficile de les convaincre de faire un don. "Lorsqu'une personne souhaite couper une bonne partie de ses cheveux et qu'il manque quelques centimètres, je lui propose de faire le geste. Certaines refusent parce qu'elles ne sont pas venues dans cette optique la, il y a un cheminement personnel qui doit être fait", précise la coiffeuse tout en faisant sur la tête des couettes à Milla qu'elle coupera ensuite pour envoyer à l'association. « Les personnes qui viennent faire des dons ont tous les âges, même si ce sont généralement des femmes plutôt jeunes. J'ai aussi un homme qui a pris rendez-vous cette semaine pour faire un don. J'ai déjà eu une petite fille de 6 ans qui est repartie toute fière. Il y a quelque chose de valorisant dans la démarche de donner, que ce soit son sang ou ses cheveux", souligne Eva Magnaud. Elle prévient Milla qu'elle a encore une chance de se rétracter avant qu'elle ne commence à couper. Mais la jeune Lyonnaise ne cillera pas une seule fois alors qu'Eva coupe une à une les 4 longues couettes. Une fois coupées, elle rejoindront des cartons que stocke la coiffeuse avant de les envoyer à l'association. "J'effectue en moyenne deux envois par an, ce qui représente environ 4 kg de cheveux à chaque fois", précise la coiffeuse.

©Elodie Horn/ID

225 subventions en 3 ans

Ces derniers sont réceptionnés par Carla Morri, la marraine de l'association dans le 16e arrondissement de Paris. Les particuliers ont aussi la possibilité de lui envoyer directement leurs cheveux, à condition qu'ils soient attachés par des élastiques en queue de cheval ou tressés. Grâce aux cheveux récoltés, 225 subventions de 400 euros ont pu être obtenues depuis 3 ans. "Une perruque de bonne qualité coûte en moyenne 500 à 600 euros. La sécurité sociale donne seulement 125 euros pour avoir une perruque, ce qui constitue un véritable frein pour certaines personnes à l'achat d'une perruque de qualité", souligne-t-elle. Après une heure de coiffure et quelques derniers ajustements, Milla est ravie de sa nouvelle coupe. "Plus besoin de se coiffer et je n'aurai plus de soucis en allant au laboratoire de chimie", s'enthousiasme-t-elle. Eva Magnaud confie n'avoir jamais coupé des cheveux aussi courts pour Solidhair, mais devant la mine enthousiaste de Milla, elle ne regrettera pas d'avoir accepté de sauter le pas pour la bonne cause.