©Extrait de "Our Tomorrows" d'Irène Baqué
CHRONIQUE

En France et en Suède, les jeunes bien moins optimistes qu'au Kenya et au Nigéria

Les jeunes seraient-ils plus heureux au Kenya, au Mexique, en Chine et au Nigeria qu'ils ne le sont en France ou en Suède ? C'est ce que suggère une étude réalisée récemment par l'institut de sondage IPSOS dans 15 pays différents.

Dans le cadre d'une série dédiée aux nouvelles générations ("Now generation", financée par la fondation Bill et Melinda Gates), le Guardian explore depuis mi-septembre la manière dont les jeunes se projettent dans l'avenir et ce que cela signifie pour la lutte contre la pauvreté.

En début de semaine, ils ont dévoilé dans ce cadre les résultats très instructifs d'une étude menée par IPSOS. On y apprend notamment que les jeunes de tous pays sont plus optimistes que leurs aînés, et qu'ils sont tous insatisfaits de leurs représentants politiques. Et si plus de neuf adolescents sur dix se disent confiants dans l'avenir au Kenya, au Mexique, en Chine, au Nigeria et en Inde, les plus pessimistes se trouvent aujourd'hui en France et en Suède !

Le meilleur est avenir ?

Comment expliquer ces différences d'appréhensions ? Sans doute par les effets durables de la crise financière qui, pour certains des experts interrogés par The Guardian, donnent aux plus jeunes la sensation qu'il sera pour la première fois difficile de faire mieux que leurs parents. Derrière tout cela, sans doute aussi une façon de concevoir ce que sera une "vie bonne" : dans les pays développés, les opportunités seraient plus rares et les perspectives perçues comme moindres que dans les pays en développement où les possibilités d'y arriver seraient encore plus larges.

En Afrique de l'Est, un chercheur cité par le journal britannique confirme que les jeunes de la région sont optimistes car ils savent que leur voix compte. "Ils savent vraiment ce qu'ils veulent", indique en effet Alex Awiti, de l'Université d'Aga Khan.

Graphique Guardian

Les politiques n'inspirent plus confiance

Chose inquiétante : le désintérêt partagé dans chaque pays pour les politiques gouvernementales. Les jeunes attendent plus, différemment, avec une sensation partagée partout d'être mis à l'écart. Avec aussi de nombreuses réflexions partagées sur l'égalité hommes-femmes, des inquiétudes sur leur employabilité et leur sécurité futures.

La diversité la plus marquante concerne l'accès à internet et la connectivité, avec des pratiques qui diffèrent largement d'un pays à l'autre. Et une inquiétude parfois exprimée dans les usages qu'il peut en être fait.

Graph Guardian

Une chose demeure partagée néanmoins dans le panel interrogé (plus de 7000 réponses et entretiens effectués en août 2018) : la volonté d'y arriver, et de faire les sacrifices nécessaires pour cela. Le film réalisé par la réalisatrice Irène Baqué pour Le Guardian illustre magnifiquement bien ces différences :

Seul regret : l'étude ne mentionne pas en revanche les perceptions du dérèglement climatique et de ses effets... Pour mémoire : l'enquête Génération Quoi menée en 2016 donne des résultats utiles aussi sur ces jeunes générations en France et en Europe. À croiser sans doute !