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Crise sanitaire : "Des millions de jeunes filles risquent de ne pas reprendre le chemin de l’école" 

Fondée en 1950, l’association internationale World Vision - et son bureau français Vision du monde - œuvre depuis 70 ans au bien-être des enfants dans les pays en développement. Aujourd’hui, elle compte 32 000 donateurs et vient en aide à 25 000 jeunes grâce à son système de parrainage. Camille Romain des Boscs est, depuis 2014, la Directrice générale de la branche française. Entretien à l’occasion de la Journée internationale des droits des filles. 

Où en sont les droits des jeunes filles autour du monde aujourd’hui ?

Malgré les progrès réalisés pour l’égalité entre les filles et les garçons, notamment en matière d’éducation, il reste encore du chemin à parcourir contre les violences et les discriminations dont elles sont victimes. Dans les contextes fragiles des pays en développement, les filles sont confrontées à d’importantes violations de leurs droits : mariages et grossesses précoces, travail forcé, mutilations génitales, violences physiques et psychologiques… Les chiffres sont alarmants : 12 millions de filles sont mariées précocement chaque année. Ce sont 22 filles chaque minute ! 

En raison d’inégalités motivées par l’extrême pauvreté, elles doivent souvent endosser un rôle qui les éloignent des systèmes éducatifs.

L’année 2020 a marqué à elle seule la plus importante hausse de mariages précoces au cours des 25 dernières années.” 

De quelles manières la crise sanitaire a-t-elle creusé un peu plus ces inégalités ?

En temps de crise, les filles et les femmes sont davantage exposées à la violence et aux inégalités. Les études menées par Vision du Monde via le partenariat international World Vision révèlent que dans les deux prochaines années seulement, 4 millions de filles supplémentaires seront mariées avant l’âge de 18 ans en raison de la pandémie. L’année 2020 a marqué à elle seule la plus importante hausse de cette pratique au cours des 25 dernières années. 

De nombreuses familles vivent de l’économie informelle et n’ont pas pu vendre le fruit des récoltes agricoles sur les marchés en raison des mesures de confinement et de distanciations sociales. Sans revenu, ces familles sont parfois contraintes de marier leur fille précocement pour des raisons financières. Certaines filles quant à elles voient le mariage comme le seul espoir d’une vie meilleure, bien loin de se douter qu’il viendra un peu plus assombrir leur avenir. Il s’agit d’un véritable cercle vicieux qui les enferme dans l’extrême pauvreté, met en danger leur santé physique et psychologique et les expose aux violences

Aussi, avant la pandémie, 132 millions de filles étaient déjà exclues des systèmes scolaires. Avec les fermetures d’école liées à la pandémie ce sont des millions qui risquent de ne pas reprendre le chemin de la classe.

Que mettez-vous en œuvre au sein de l’association pour faire avancer les droits des enfants en général ?

Nous menons des programmes d’aide au développement partout dans le monde pour agir sur tous les domaines essentiels à la vie des enfants à savoir l’accès à l’eau, l’alimentation, la santé, l’éducation, le développement économique des familles ainsi que la protection des enfants et le respect de leurs droits.

Par exemple, nous savons que nous ne pouvons pas favoriser l’éducation s’il n’y a pas un accès sécurisé à l’eau potable dans le village, car ce sont les enfants et plus particulièrement les petites filles que se chargent de cette corvée et parcourent en moyenne 6 km pour aller chercher de l’eau. Cela ne leur laisse pas le temps de se rendre sur les bancs de l’école. Il est donc impératif de favoriser un accès durable à l’eau et à proximité des habitations. Si nous voulons pérenniser les installations nous devons former les populations au bon entretien de celles-ci. L’aide au développement repose sur une approche globale... Pour agir durablement, nous menons nos programmes sur une dizaine d’années. 15 sont en cours aujourd’hui dans 10 pays en Afrique, Amérique latine et Asie. 

Enfin, nous intervenons également à travers une aide humanitaire d’urgence en cas de conflit, catastrophe naturelle, crise politique et économique, et défendons les droits de l’enfant dans les instances internationales, nationales et locales.

Bien plus qu’un don mensuel, le parrainage d’enfants est avant tout une aventure humaine hors du commun : les parrains et marraines échangent des courriers avec leurs filleuls.” 

Vous avez notamment mis en place un système de parrainage. Comment fonctionne cette approche ?

Le parrainage d’enfants permet de soutenir financièrement les programmes de développement de Vision du Monde. Les parrains et marraines donnent 30 euros par mois (dont 66 % est déductible des impôts) pour financer des projets concrets afin d’améliorer les conditions de vie de leur filleul et de tout son village. En parrainant un enfant ils viennent en réalité en aide à cinq enfants. Bien plus qu’un don mensuel, le parrainage d’enfants est avant tout une aventure humaine hors du commun. Les parrains et marraines échangent des courriers avec leurs filleuls et peuvent même aller les rencontrer chez eux, dans leurs pays.

Avec Vision du Monde. 

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