Lors d'inondations ou de tempêtes, les assureurs entrent vite en jeu pour chiffrer les dégâts, déjà bien visibles à l'oeil nu sur les images de télévision. Mais les impacts des canicules, événements extrêmes pourtant les plus meurtriers, "sont rarement considérés sous un angle économique", estime l'étude publiée mardi, qui note également une "faible" perception de ce risque, signe le plus évident du réchauffement de la planète.
Les chercheurs se sont donc penchés sur les canicules ayant touché la France métropolitaine de 2015 à 2020, des épisodes de chaleur extrêmes qui ont causé au total près de 10 000 morts. En six ans, tous les départements métropolitains sauf trois (Côte d'Armor, Creuse et Finistère) ont subi au moins une vague de chaleur, pour un total cumulé de 2716 alertes journalières (vigilance orange ou rouge de Météo-France), soit 29,2 journées en moyenne par département.
Quelle que soit la méthode de calcul adoptée, "les coûts intangibles liés à la mortalité prématurée représentent la part majoritaire, soulignant un fardeau sociétal sous-estimé et largement invisible". Cela représente 30,2 milliards d'euros en utilisant une méthode basée sur le nombre de décès et 15,9 milliards sur celle basée sur le nombre d'années de vie perdues, indique l'étude, précisant s'être servi de valeurs classiquement utilisées pour chiffrer la mortalité liée à la pollution de l'air. Arrive ensuite la "perte de bien-être", estimée à 6,3 milliards d'euros. Elle n'a pourtant été calculée qu'en 2019 et 2020, seules années à avoir connu des vigilances rouges accompagnées de recommandations à éviter les déplacements et l'activité physique, de fatigue ou de diminution des capacités cognitives. L'excès de recours aux soins (passage aux urgences, SOS Médecins, hospitalisations) ne représente qu'une faible part du total, avec 31 millions d'euros. Plus d'un tiers de ce montant a été observé sur une seule année, 2019, avec des pics de passage aux urgences notamment chez les jeunes.
224 euros par habitant en 2020
Rapporté à la taille de la population exposée, l'impact économique des canicules depuis 2015 "s'établit en moyenne entre 72 euros par habitant en 2017 et 224 euros par habitant en 2020, pour un total sur la période de 814 euros par habitant". "Malgré la mise en place d'un plan de prévention depuis 2004, les canicules continuent d'avoir un impact sanitaire et économique fort en France", insiste Santé Publique France, soulignant l'exacerbation de la fréquence, de la durée, de l'intensité et de l'extension géographique de ces vagues de chaleur. Et face à une nouvelle aggravation prévue, les résultats soulignent "l'urgence de mesures d'action permettant de renforcer l'adaptation aux canicules", plaide l'étude.
Avec AFP.
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