Arrivée à la tête du CNOUS en février 2024, Bénédicte Durand s'est rendu compte rapidement que le problème de la santé mentale était "prégnant dans l'enseignement supérieur", dans le sillage des effets néfastes de la pandémie de Covid et des confinements.
Le Centre national des œuvres universitaires a mené une enquête auprès de ses antennes régionales, les Crous, sur l'année 2023/2024: elle a révélé 320 incidents graves nécessitant une intervention médicale d'urgence, dont 10 suicides, sur 26 résidences et 175.000 étudiants.
On a lancé la semaine dernière une campagne nationale d'affichage d'un numéro unique dans toutes nos résidences pour identifier tout de suite un premier secours, une première main tendue en cas de crise d'angoisse, de difficultés.
"Depuis, nous avons mis en place une remontée systématique" de ces incidents, et depuis septembre dernier, "le réseau a reçu 35 signalements liés à la santé mentale, dont 25 tentatives de suicide et 6 suicides", indique un porte-parole du Cnous à l'AFP.
Un tiers des Français âgés de 11 à 24 ans présentent des signes de troubles anxieux ou dépressifs, d'après les résultats préliminaires d'une étude menée par des chercheurs de l'Inserm et de l'Université Paris-Cité.
Selon Mme Durand, les jeunes qui logent dans des résidences des Crous sont particulièrement vulnérables, car "ce sont des boursiers, ils ont des enjeux de niveau de vie plus élevés que ceux qui sont logés par leurs parents, ils sont parfois isolés", en particulier les étudiants internationaux, "et ils subissent une pression académique extrêmement forte car ils ne peuvent pas se permettre de rater leurs études".
Pour répondre à leurs besoins, le CNOUS prévoit de publier en décembre "une feuille de route pour l'ensemble des établissements", précise Bénédicte Durand.
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"Donneurs d'alerte"
Elle inclura trois axes de travail: "améliorer la prise en charge avec les structures environnantes" pour une meilleure coordination avec les centres hospitaliers, la Croix Rouge, les associations, etc.
Côté prévention, "on a lancé la semaine dernière une campagne nationale d'affichage d'un numéro unique dans toutes nos résidences pour identifier tout de suite un premier secours, une première main tendue en cas de crise d'angoisse, de difficultés", poursuit Mme Durand.
Ce sont essentiellement des associations spécialisées qui répondent, notamment Nightline. "Le 3e axe, c'est la formation, notamment aux premiers secours en santé mentale", pour "augmenter notre capacité de détection des signaux de malaise", détaille Mme Durand.
Elle remarque que ce sont les personnels de ménage ou les agents techniques qui "sont souvent les premiers donneurs d'alerte", en constatant une détérioration de l'état de la chambre des étudiants, signal probable d'un mal-être.
La présidente du CNOUS souhaite à terme la mise en place de gouvernant(e)s dans les résidences universitaires pour être un point de contact et de supervision, mais pour l'heure ces logements sont sont plus fréquemment "animés par des étudiants référents".
Ce sont des emplois étudiants financés par le ministère, explique-t-elle. Elle souhaite qu'ils soient formés notamment "aux premiers secours à la santé mentale" pour savoir comment réagir "lorsqu'un jeune va très mal ou a un comportement inquiétant".
Sur la question des moyens, Mme Durand estime que le projet de loi de finances (PLF) 2026, dévoilé la semaine dernière, "marque le soutien du ministère dans le contexte actuel", même si le réseau des Crous est "en très grande tension car nos missions ne cessent de s'étendre".
Le PLF indique notamment que "les moyens des Crous sont rehaussés de près de 15 millions d'euros afin de soutenir leur action en matière d’amélioration des conditions de vie, d’étude et de travail des étudiants".
Avec AFP.