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Santé

Jeûne, yoga : et si vous vous offriez une pause ?

Des stages proposent reconnexion avec la nature, temps suspendu et période d'introspection. Pour des vacances sereines.

"Je suis quelqu’un qui pense beaucoup normalement. Pendant les stages de yoga, c’est comme si je flottais, sans être fixée sur mon esprit", confie Lucie. Cette jeune trentenaire, adepte du yoga, s’offre régulièrement, depuis plusieurs années, des stages de 5 ou 6 jours, coupée du monde, avec une poignée d'autres amateurs.

L’occasion d’améliorer sa pratique de la discipline. Mais pas seulement. "Quand on suit des cours de yoga toutes les semaines, ça fait du bien. Mais on est stressé avant et stressé après : il ne s’agit que d’une petite coupure." A l’inverse, les stages lui offrent "un moment de pause" dans sa vie de citadine active.

"Mon premier stage, j’y suis allée seule, sans ami. Avec l’objectif de ne parler à personne ! Me donner un moment à moi", se souvient Lucie. Généralement, les stages de yoga offrent également des temps de méditation, par exemple au moment du lever du soleil. Ainsi que des plages horaires libres durant lesquelles chacun pourra s’adonner à une activité de son choix : lecture, méditation, promenade dans la nature…

Nettoyer le corps et l’esprit

"Lors de ces stages, on ouvre beaucoup de choses, notamment au niveau des émotions. Parfois, après une séance de yoga en stage, je peux pleurer pendant 15 minutes, sans forcément en comprendre la cause. C’est un véritable nettoyage physique et psychique", confie la jeune femme.

Certains, pour nettoyer leur esprit et leur corps vont même plus loin : ils se privent de nourriture pendant plusieurs jours, en pratiquant le jeûne. Alors que le yoga permet "une pleine présence au ressenti et une reconnexion au corps", la naturopathe Anne-Claire Meret prévient : le jeûne est beaucoup plus "puissant", permettant l'élimination des toxines.

Dans certains pays, comme en Allemagne, on lui confère des vertus thérapeutiques. En France, il est réservé à des personnes en bonne santé, généralement dans le cadre d’un stage. Avec un objectif bien-être et non médical. Alexandra, 32 ans, a suivi un jeûne il y a deux ans, en amont d’une préparation à un marathon, pour "tester son mental" et "remettre les compteurs à zéro" sur sa relation avec l’alimentation.

Le corps reprend ses droits

Concrètement, le jeûneur doit s’engager sur trois semaines : d’abord chez lui, en réduisant progressivement l’alimentation (c’est la descente alimentaire). Puis il jeûne réellement pendant une semaine, lors du stage, se limitant à la consommation d'eau et éventuellement de tisanes et bouillons. Enfin, il reprend progressivement ses habitudes alimentaires.

Pascale Tarlé, membre de la Fédération Française Jeûne et Randonnée, encadre des jeûnes depuis une quinzaine d’années. Elle y voit un moyen de "se réaligner avec les lois de la nature. On fait confiance à la vie, on redonne les commandes à son corps". Elle n'hésite pas à décrire le rapport à la nourriture comme quelque chose d'incessant de "presque subi". "Et là, c'est la possibilité d'arrêter cela, de provoquer un changement. On fait du vide, de la place pour autre chose".

Se priver de nourriture permet avant tout "d’apprendre à s’écouter", confirme Anne-Claire Meret, co-auteur du livre Le miracle du jeûne. "Le corps reprend ses droits. C’est lui qui va décider : quand on est fatigué, il faut dormir. La période de jeûne est vraiment un moment où on écoute son corps : on crée le cadre qui va permettre de l’entendre. Il s’exprime plus fort car il n’est pas pollué par tout le reste autour".

Au-delà du corps, l’esprit et les émotions aussi bénéficient du jeûne. "C’est comme si on appuie sur le bouton reset, s’amuse Anne-Claire Meret. On repart à zéro, on se reconnecte avec ce qui est bon pour nous". Ce qui booste généralement la créativité et redonne de la clarté aux participants. "Émotionnellement, ça nettoie. Ca nous met en face de ce que l'on doit voir", ajoute la naturopathe.

Prêts pour "redémarrer la vie"

Un moment à soi, en connexion avec la nature. Certes, par le nouveau regard que l’on porte sur son corps, mais pas seulement. "Les stagiaires passent au moins quatre heures dehors, avec des pauses pour être dans la nature. C’est un élément porteur", souligne Pascale Tarlé.

Les activités autour du jeûne participent aussi à créer cet espace-temps en dehors du quotidien. "Dans les stages, il y a beaucoup d’échanges. En soirée, on organise des mini-conférences sur la physiologie, le corps, l’alimentation…" poursuit-elle.

Mon corps est ouvert, en forme. Je me sens toute neuve.

Après son jeûne, Alexandra a constaté avoir "une peau bien plus belle" et même "moins d’allergies". "J’ai aussi retrouvé un rapport plus équilibré à la nourriture". Le tout est de le conserver sur la durée, ensuite !

A la fin des stages de yoga, Lucie se dit prête "pour redémarrer la vie". "Mon corps est ouvert, avec beaucoup d’énergie. Je me sens toute neuve". Et généralement, elle revient de son expérience avec un regard nouveau sur ses préoccupations quotidiennes. Pascale Tarlé confirme un même résultat avec le jeûne : "on en ressort avec une énergie incroyable et une envie de vivre !" Un bénéfice qui dure pendant plusieurs mois... à condition d'adopter un mode de vie sain.