En Belgique, le marché de l'emploi et notamment celui du bâtiment évoluera avec la transition écologique.
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Politique

Climat : "la canicule a sorti de l’invisibilité les pathologies liées au travail"

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Les grandes chaleurs nous obligent à repenser l'organisation du travail. C'est ce qu'affirme le Conseil économique, social et environnemental dans son dernier avis. Explications avec Jean-François Naton, représentant CGT et co-rapporteur.

Le 25 avril, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), a rendu son avis "Travail et Santé-environnement : quels défis à relever face aux dérèglements climatiques ?". La troisième assemblée française y déroule 17 préconisations pour adapter le travail à la crise climatique et ses conséquences sur la santé, mais aussi pour réduire l’impact de l'activité humaine sur l’environnement. Pour y voir plus clair, entretien avec Jean-François Naton, représentant CGT au Cese et co-rapporteur de l’avis.

Comment le changement climatique modifie-t-il notre rapport au travail ?

Les débats lors de l’élaboration de notre avis ont fait naître ce questionnement. L’accélération du dérèglement climatique et le lien entre travail et nature ont grandi dans les consciences. Il y a une interrogation sur la finalité même de son travail, le sens de son engagement. C’est un questionnement sur le sens donné à sa vie si ce que l’on produit, le métier que l’on fait, concourt à détruire l’humanité.

Il y a aujourd’hui une forte demande de travailler autrement, avant même de penser à travailler plus longtemps. On l’a vu dans les manifestations contre la réforme des retraites, avec des slogans comme "retraite, climat, même combat".

Comment peut-on mesurer les impacts concrets du changement climatique sur la santé au travail ?

Cela participe de nos préconisations. Par exemple, selon Santé Publique France, la canicule de l’année dernière a fait officiellement sept décès. Or, tous les experts auditionnés par le Cese reconnaissent que ce chiffre est minoré. On a laissé de côté les conséquences des malaises et de la surmortalité. La canicule a sorti de l’invisibilité les pathologies liées au travail. Avec les fortes chaleurs, on constate une accentuation de la pénibilité déjà bien réelle de certains métiers.

Nous préconisons donc de développer la remontée d’informations, la recherche, car on est très pauvre en analyse des conditions de travail lors des canicules, ou sur l’impact des effets cocktails des produits chimiques à hautes températures.

Concrètement, que propose le Cese pour adapter le monde du travail à la crise climatique ?

D’abord, la formation, pour que chacun puisse prendre conscience des problématiques et de leur enchaînement. Prendre donc conscience que l’activité humaine est le facteur principal des dégradations environnementales. C’est aussi travailler en coopération avec l’ensemble des acteurs de la santé au travail, pour qu’ils prennent en compte le dérèglement climatique dans leur approche. Ce n’est pas encore complètement dans les logiciels. Par exemple, les organismes de sécurité sociale n’ont pas encore totalement intégré ces éléments climatiques.

Ensuite, redonner du temps et des moyens aux élus politiques et représentants sociaux, pour qu’ils puissent mener leurs missions dans les territoires, et reprendre le chemin du dialogue social dans les entreprises. Il faut poser collectivement la question des transformations du travail nécessaires, qui ne peut passer que par le dialogue avec les travailleurs.

Enfin, nous préconisons l’utilisation du Document unique de d’évaluation des risques environnementaux (DUERP). Alors que la loi l’impose, il est mis en œuvre dans moins de 50% des entreprises. Il faut utiliser ces DUERP comme élément du dialogue social, mais aussi pour repenser l’organisation du travail dans le cadre du réchauffement climatique, en créant une base de données commune.

Tout cela pourrait être financé par les excédents de la branche accident du travail et maladies professionnelles (AT-MP), chiffrés à quelques milliards. La question des moyens à allouer n’en est donc pas vraiment une.

Quelles suites espérez-vous pour votre avis ?

Il a été voté à l’unanimité au Cese, entre le patronat, les syndicats, les associations… tout le monde s’est retrouvé dans un vote positif. Cela doit autoriser l’espoir qu’il soit lu par le gouvernement. Ce dernier semble avoir l’ambition de mettre le travail au cœur de la réflexion économique, sociale et environnementale. Si ces débats se concrétisent, notre avis peut être utile dans le cadre de futures rencontres entre partenaires sociaux, et aussi dans la société civile.

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