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Le Brésil est-il la nouvelle Arabie saoudite ?

L’importance du capital forestier pour réduire les émissions de CO2 et la hausse du prix du carbone vont-ils rebattre les cartes de l’économie mondiale ? Cet article est paru dans l'Agefi quotidien du 8 mars 2019.

Les forêts sont un élément clé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les arbres couvrent 31 % de la surface terrestre et chaque hectare de forêt élimine 10 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère chaque année. Les forêts du monde compensent l'équivalent de 40 gigatonnes (Gt) de CO2 par an, soit l'équivalent des émissions annuelles de CO2 des combustibles fossiles. Sans les forêts du monde, le climat serait en bien pire état.

Malheureusement, la déforestation progresse : l’équivalent de la superficie du Bangladesh en forêt tropicale est détruite chaque année. Inverser cette tendance est essentiel pour répondre au défi climatique. C'est aussi une opportunité pour les investisseurs. L'utilisation du reboisement comme source de crédits carbone souligne les incitations économiques - aussi bien qu'environnementales - à la conservation ou à la reconstitution des forêts. La mise en place d'incitations financières peut être un processus lent, mais la valeur en jeu est énorme.

Le prix actuel du CO2 dans le système communautaire d'échange de quotas d'émission est d'environ 25 $/tonne. A 100 $/tonne, le prix que nous estimons nécessaire pour ramener les émissions à un niveau compatible avec le scénario 2°C ; la valeur des forêts serait plus de 2,5 fois plus élevée.

Sur la base d'un échantillon de sociétés forestières cotées, la valeur actuelle des forêts est d’environ 1 500 $ l'acre (0,41 hectare), soit un total agrégé de 1 600 milliards $ qui est certes conséquent mais encore inférieur à la valeur du pétrole et du gaz.

La distribution de la puissance économique mondiale serait bouleversée si la valeur des forêts était multipliée par le facteur de 2,5 défini ci-dessus. L'Arabie saoudite se situe à la 49ème place mondiale en termes de revenu par habitant (20 000 dollars). Le Brésil est 84ème avec un revenu inférieur de plus de 50 %. Mais si l’on estime son parc forestier au prix théorique, le revenu par habitant du Brésil atteindrait 25 000 dollars, dépassant celui de l'Arabie saoudite.

Nos calculs sont théoriques mais ils soulignent l'impact économique du changement climatique sur les investisseurs, les entreprises et les nations. Nous ne savons pas si, comment et quand un tel mécanisme sera mis en œuvre, mais il pourrait se concrétiser lorsque les discussions mondiales sur le climat se rapprocheront d'une solution, dans laquelle les forêts seront inévitablement une composante cruciale.

Impact sur le PIB du Brésil d’une valorisation de la capacité des forêts à capturer le CO2

Source : Schroders, février 2019.