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Dette éolienne : Vert à moitié plein

Par Charles Dupont, Schroders. Cette contribution est parue dans l'Agefi Quotidien du 6 février 2018.

Le financement de la transition énergétique est un thème majeur pour l’économie, et de nombreux acteurs du financement, banques, institutionnels et gérants de fonds ont témoigné ces derniers mois un intérêt sans précédent pour ce sujet. Dans certains segments, comme le financement des projets éoliens ou solaires, l’offre excède désormais largement la demande. Une bonne nouvelle pour l’économie, une excellente nouvelle pour les développeurs, une moins bonne nouvelle pour les investisseurs.

En moins de six mois, les rendements de la dette éolienne ou solaire en Europeonshore ou offshore, ont été divisés par deux : environ 100pbs pour un projet en exploitation, à peine plus pour un projet en construction, soit un taux de moins de 2 % en moyenne. Bruxelles réfléchit à réduire les charges en capital des banques qui financent des projets « verts », la situation ne devrait pas s’arranger. A ce niveau de prix, on peut s’interroger sur l’intérêt d’investir dans ce type d’instrument. En valeur relative, n’est-il pas préférable d’investir en equity plutôt qu’en dette dans ces éoliennes tant qu’à rester du côté illiquide ?

Ces projets ne sont pas sans risque. Une ferme éolienne est sujet à un risque de prix et de demande. La demande, c’est le vent. Il a historiquement varié de 10 à 15 % d’une année sur l’autre. Le risque de prix est limité pendant une certaine période, en France comme dans d’autres pays européens, grâce au contrat de rachat de l’électricité produite à prix prédéterminé ou encadré. Mais au-delà, l’actif n’est plus protégé. L’offre produite doit se vendre au prix de marché dont on sait qu’il peut varier d’un jour à l’autre, et même d’une heure à l’autre. De nombreux financements dépassent désormais la période de garantie de prix, l’abondance de capitaux incitant les promoteurs à une certaine audace en terme de structuration.

Alors que faire ? La stricte logique financière invite à être plus sélectif sur le financement des énergies renouvelables. Un portefeuille de dette infrastructure doit certes comporter ce type de financement bon pour la planète. Mais lui allouer l’essentiel du portefeuille risque de nuire à la performance. Un portefeuille performant et équilibré devrait répondre à d’autres thématiques, aussi essentielles à l’économie : la mobilité urbaine, la révolution numérique. Réseaux de fibre, transport public, data centers, plateformes multimodales, parkings, réseaux intelligents : ces infrastructures sont au cœur des révolutions de notre société et appellent du financement privé. Pourquoi s’en priver ?

Source: Schroders - Le financement éolien onshore et offshore de projets en exploitation ou "brownfield" - rendement des obligations d'entreprise selon index BoAML BBB 5-7 ans et 7-10 ans au 29/01/2017