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Biden sur une ligne de crête

Le mandat de Joe Biden à la tête des Etats-Unis a officiellement débuté le 20 janvier dernier. 7 jours plus tard avait lieu le « Climate day », baptisé ainsi par l’équipe du nouveau Président en raison de la signature d’une série de décrets présidentiels pour rompre avec l’ère Trump en matière de politique environnementale.

Le Climat : Une priorité

 

Les mesures annoncées ne sont pas nouvelles et sont en ligne avec les engagements de campagne de Biden. Cependant, la rapidité de ces annonces et la nouvelle approche « whole of government »[1] sont la preuve d’une administration qui ne cherche pas seulement à revenir aux pratiques de l’ère Obama, mais qui donne une priorité bien plus importante au climat.

Le climat figure d’ailleurs en 2ème position parmi les 7 priorités définies par la nouvelle administration, juste derrière la gestion de la crise du Covid-19.

L’approche « whole of government », défendue par Biden, plaide pour que le climat devienne une composante essentielle dans la prise de décisions politiques au niveau fédéral.

Les premiers marqueurs de cette approche relèvent de la création d’un bureau au sein de la Maison-Blanche chargé de coordonner la politique environnementale intérieure, et d’un poste d’envoyé spécial pour le climat à l’étranger.

Le département du Trésor devra désormais intégrer les risques financiers liés au changement climatique et un coût social des émissions de gaz à effet de serre -potentiellement autour de $50/tonne - sera incorporé dans les prises de décisions des différentes agences fédérales.

Par ailleurs, les Etats-Unis vont réintégrer l’Accord de Paris et prévoient d’organiser un sommet des leaders climatiques en avril afin d’annoncer, probablement, un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Par secteur, les mesures annoncées donnent le ton pour le reste du mandat.

 

Le Pétrole : un secteur en disgrâce

 

Le secteur le plus impacté a priori est celui du Pétrole & Gaz naturel, d’abord avec la mise en place d’un moratoire sur l’exploration pétrolière dans le refuge national d’Arctique. Il s’agit d’une mesure principalement symbolique mettant fin à l’autorisation d’exploration accordée par Donald Trump vers la fin de son mandat. L’enchère lancée début janvier pour des lots d’exploration en Arctique, menée comme un baroud d’honneur par l’administration sortante, n’a pas connu de succès avec seulement 2 sociétés qui ont participé et aucune major. Par ailleurs, le projet controversé de Keystone XL, pour un pipeline transportant le pétrole bitumineux d’Alberta au Canada jusqu’au Texas, a été annulé.

 

Biden a également annoncé une pause temporaire des délivrances pour des permis de forage sur les terrains fédéraux. 20% du pétrole et gaz naturel produits aux Etats-Unis proviennent de terrains fédéraux. Cette mesure était anticipée par les sociétés qui ont multiplié les demandes de permis lors de l’année précédente et disposent désormais de près de 5 années de réserves au rythme actuel. La mesure est temporaire et pourrait être levée par la suite. Elle est d’ailleurs loin de répondre aux demandes de l’aile gauche du parti démocrate partisane de la fin du « fracking », la fracturation de roche-mère à la base du pétrole de schiste.

 

Ces mesures sont principalement symboliques et ont un faible impact sur le secteur. Biden a mentionné le besoin de revoir les subventions du secteur et de durcir les règles sur les émissions de méthane. Le secteur pétrolier bénéficie d’un traitement fiscal préférentiel aux Etats-Unis et une révision aurait un impact plus sensible sur la génération de cash de l’industrie. Quant au durcissement des règles d’émissions de méthane, il devrait engendrer de nouveaux coûts opérationnels, mais minimes.

 

Signe des temps qui courent, MasTec, une société de construction spécialisée notamment dans le développement et la construction d’infrastructures pétrolières, vient d’annoncer qu’elle réorientait ses activités vers les télécoms, le développement des renouvelables et du réseau électrique.

 

Le transport : un retard à rattraper

 

L’obligation pour les agences fédérales de convertir leurs flottes vers des véhicules zéro émission « Made in America » revêt une importance non négligeable pour le secteur car l’Etat fédéral dispose d’une flotte de 645 000 véhicules et dépense $4,4 milliards par an pour son maintien[2].
 

L’annonce garantit des volumes pour les acteurs traditionnels comme General Motors et Ford, lançant leurs premiers modèles électriques. Cela pourrait être également une aubaine pour la myriade de start-ups américaines.

 

Au-delà de ce soutien, Biden a demandé une révision par l’EPA – l’agence de régulation environnementale - des règles d’émissions des véhicules. Le relâchement de ces règles sous Trump fait aujourd’hui des Etats-Unis l’une des régions les plus laxistes en matière d’émissions moyennes des véhicules particuliers, derrière la Chine.

 

Les Etats-Unis ont pris un retard significatif sur la Chine concernant le développement des véhicules électriques. La capitalisation de Tesla ne doit pas cacher que la majeure partie de la chaîne de valeur se situe aujourd’hui en Chine. Un soutien marqué en faveur du développement d’une chaîne locale avantagerait selon nous LG Chem et General Motors, 2 acteurs disposant de plusieurs joint-ventures pour produire aux Etats-Unis des batteries et des composants électriques.

 

L’infrastructure : En attente du plan de relance

 

Le secteur de la construction s’attend de son côté à une révision des standards d’efficacité énergétique requis pour les nouveaux bâtiments. Les détails seront dévoilés au mois de mai prochain. La seule révision des standards pour les nouveaux bâtiments a un impact limité, mais d’autres mesures de soutien au secteur seront intégrées au plan de relance attendu au cours du 2ème trimestre.

On peut s’attendre à une accélération des programmes de rénovation au sein des bâtiments administratifs. Les principaux bénéficiaires seraient :
- les acteurs exposés aux matériaux d’isolation,
- les fabricants de systèmes de climatisation,
- les sociétés d’ingénierie.

 

Au-delà des annonces, l’allocution de Biden fin janvier contenait de nombreuses références à la “transition juste”. L’impact social de ces mesures ne sera pas négligé et il paraît donc difficile de voir émerger un consensus autour de mesures coercitives ou des hausses de taxes qui impacteraient le consommateur. Les deux principaux outils seront vraisemblablement la régulation et les subventions. D’un côté, le bâton du durcissement des règles sur les industries fossiles afin de limiter leur croissance devrait être agité et de l’autre, la carotte des subventions pour améliorer la compétitivité des nouvelles technologies.

Il faudra suivre attentivement le sort réservé aux taxes que Trump avait imposées sur les importations de panneaux solaires en provenance de Chine. La Chine produit 62%[3] des panneaux solaires utilisés dans le monde et la production américaine n’est pas compétitive. Sunpower, un producteur américain, vient d’ailleurs de fermer sa dernière usine américaine.

Il faudra donc trouver une ligne de crête entre le « Made in America » et la « Transition Juste ».

 

Par Marouane Bouchriha, gérant Actions internationales chez Edmond de Rothschild Asset Management

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[1] Approche gouvernementale, faisant référence aux activités conjointes menées par diverses entités de l’Etat.

[2] Source : JP Morgan.

[3] https://www.spglobal.com/en/research-insights/featured/biden-administration-outlook