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Un été américain

Dans l’imaginaire collectif, l’été est traditionnellement associé à la notion de tranquillité, tandis que sur les marchés, l’été rime souvent avec danger... La période estivale 2023 n’y aura pas échappé, bien qu’elle ait démarré avec un bon mois de juillet pour les actifs risqués.

La réaccélération de l’économie américaine, un avis de tempête sur l’activité en zone Euro, des déconvenues multiples en Chine et des banques centrales sur le fil du rasoir… sont autant de thématiques qui ont rythmé la « belle saison ». Mais comment faire le tri parmi toutes ces informations ?

Inflation

De nombreuses statistiques ont été publiées la semaine passée. Parmi celles-ci, l’inflation totale en zone Euro est ressortie inchangée à 5,3 % sur 12 mois en août. L’inflation cœur (hors énergie et alimentation) est quant à elle passée de 5,5 % à 5,3 %. Ces données font suite à celles publiées précédemment, où la désinflation s’est poursuivie grâce aux effets de base favorables sur les matières premières et les biens manufacturés.

Au-delà de ces éléments, les pressions inflationnistes demeurent incertaines, tout particulièrement s’agissant de la catégorie des services. Même son de cloche aux Etats-Unis, voire davantage, avec une tendance plus franche à la désinflation. L’indice Personal Consumption Expenditures (PCE), dont la Banque centrale américaine (Fed) se sert pour jauger l’inflation, doit néanmoins inciter à la prudence. Une décomposition, fournie par la Fed de San Francisco, indique que les facteurs de demande demeurent robustes. La catégorie des services hors immobilier est toujours la variable à surveiller.

Activité économique

L’été s’est aussi caractérisé par une « réaccélération » de l’économie américaine. Les enquêtes conjoncturelles et les données réelles (consommation…) le prouvent, l’activité est vigoureuse et continue de surprendre le consensus. Le marché de l’emploi s’infléchit quant à lui, mais ne rompt pas. Les créations d’emplois sont désormais moins soutenues, et les postes vacants se tarissent quelque peu. En zone Euro, la divergence transatlantique – thème que nous portons depuis le début de l’année – s’intensifie, dans le sillage de l’affaiblissement du secteur manufacturier et de celui des services, d’autant que le flux de nouvelles économiques en provenance de Chine déçoit.

Fruit de moultes spéculations, le Symposium de Jackson Hole – grand-messe des banquiers centraux dans le Wyoming – qui s’est déroulé fin août, n’a finalement pas été l’événement radical que beaucoup attendaient. Nulles tergiversations autour du« taux neutre » ou du « délai de transmission de la politique monétaire », mais plutôt l’occasion pour Jerome Powell d’aiguiser les derniers éléments de langage de la Fed, et d’indiquer – s’il le fallait encore – sa volonté de maintenir ses taux « plus haut pour plus longtemps ».

Une pause lors de la réunion de septembre semble probable, mais elle pourrait être suivie d’une hausse des taux directeurs en novembre ou en décembre. A l’occasion d’un autre événement, la Banque centrale européenne (BCE) s’est quant à elle engouffrée dans une rhétorique plus délicate par le biais d’Isabel Schnabel, lors d’une intervention intitulée « Disinflation and the Phillips Curve ». L’économiste membre du directoire de la BCE a pointé les risques pesant sur l’activité et l’incertitude entourant l’évolution de l’inflation sous-jacente, prônant ainsi, plus que jamais, des décisions de politique monétaire basées sur les données. Rien de nouveau là non plus.

Marchés financiers

Du côté des marchés financiers, le fait marquant est sans nul doute la hausse des rendements souverains aux Etats-Unis, qui intègrent un mélange composé de la dégradation de la note de l’Etat américain par l’agence Fitch, la vigueur de l’activité, la dynamique de l’inflation et les mots de la Fed. En Europe, le mouvement est moins prononcé. Les investisseurs sont ballotés entre la morosité des statistiques économiques, la persistance de l’inflation et le discours de la BCE.

Les actifs risqués ont dans leur ensemble enregistré des performances négatives sur le mois d'août. En termes sectoriels, ce sont surtout les valeurs pétrolières et les financières qui ont tiré leur épingle du jeu. Enfin, les prix du pétrole ont progressé en août, pour le troisième mois consécutif, ce qui représente un risque non négligeable sur les perspectives d’inflation…

Contenu rédigé par Florent Wabont, économiste chez Ecofi