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Trump n’a pas contaminé les marchés

Après quatre semaines de baisses consécutives, les marchés boursiers ont terminé la semaine sur une note positive (+1,5%, à 3 348 points pour le S&P 500). Pourtant, à l’image de plusieurs enquêtes confirmant une perte d’élan de l’activité mondiale et surtout de l’annonce du test positif au Covid-19 du président Donald Trump, une telle évolution était loin d’être évidente.

Le pétrole a ainsi fortement corrigé (-7,95% pour le WTI, à 37,05 $; -6,32% pour le Brent, à 39,27 $), en écho à la réintroduction des mesures de distanciation sociale un peu partout dans le monde.

Les Etats-Unis aussi ne sont pas épargnés par la morosité. En effet, alors que le consensus des économistes interrogés par Bloomberg tablait sur une création nette de 859 000 postes, seuls 661 000 emplois ont été créés en septembre, après des progressions de 1,489 million en août et 1,761 million en juillet. Outre le ralentissement observé dans tous les secteurs, c’est surtout la contraction de 216 000 postes au niveau des Etats et des collectivités locales qui a le plus marqué les esprits en septembre.

Pour les prochains mois, les difficultés du marché du travail devraient se poursuivre comme l’atteste la cohorte de plans sociaux annoncée récemment chez American Airlines et United où d’importantes réductions d’effectifs sont suspendues à un accord sur une extension des aides au secteur aérien. C’est peut-être du côté du Congrès qu’il faut rechercher les raisons de la hausse des indices sur la semaine. En effet, même si Républicains et Démocrates ne sont pas encore parvenus à se mettre d’accord sur un nouveau plan d’aide aux ménages et aux entreprises, les discussions semblent aller dans le bon sens. Ainsi, alors que les Démocrates souhaitaient 3000 milliards au minimum, ils l’ont abaissé à 2200 milliards.

Dans le même temps, les Républicains, qui ne voulaient pas entendre parler d’un plan excédant 1000 milliards de dollars, l’ont rehaussé à 1600 milliards. De quoi alimenter les espoirs d’un accord entre les deux partis avant l’élection du mois prochain. Cela n’écarte toutefois pas le scénario d’une élection contestée avec la hausse des votes par correspondance. Cette incertitude politique a fortement pesé sur le rendement des emprunts de l’Etat américain, ressorti en hausse (+4 points de base – pbs – à 0,70% pour le 10 ans américain), en plein décalage avec les évolutions observées en Europe, notamment en Allemagne (-1 pb, à -0,54% pour le 10 ans).

Ainsi, l’absence de pression inflationniste (-0,3% sur une année en août, au plus bas depuis début 2016) a continué de favoriser une nouvelle fois l’Italie (-11 pbs, à 0,79% pour le taux à 10 ans). Cette surperformance des taux italiens par rapport aux taux allemands peut s’expliquer par un contexte sanitaire favorable mais aussi par des données d’emplois moins bonnes en Allemagne avec la multiplication des plans sociaux dans le secteur automobile (MAN, Continental, Schaeffler et BMW).

La montée de l’aversion pour le risque n’a pas profité au dollar qui a cédé du terrain contre toutes les devises (-0,84%, à 93,855 points pour son taux de change effectif). C’est principalement l’euro (+0,68% sur la semaine, à 1,17124 dollar) et la livre sterling (+1,4% sur la semaine, à 1,29217 dollar) qui ont repris des couleurs contre le billet vert pour revenir sur fond de rumeurs d’entente entre le Royaume-Uni et la Commission européenne pour éviter un « hard Brexit ». Les 27 et Londres souhaitent arriver à un compromis avant fin octobre afin de le mettre en œuvre à temps avant la fin de la période de transition fixée au 1er janvier 2021.

Karamo KABA, Directeur de la recherche économique