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INFO PARTENAIRE

Risk off ?

Les marchés financiers demeurent fortement agités au regard des incertitudes économiques, politiques et géopolitiques.

Cette semaine n’a pas dérogé à la règle avec de fortes variations boursières et obligataires. Néanmoins, la semaine qui s’achève permet d’entrevoir quelques espoirs sur le front de l’inflation qui restera le facteur déclenchant de la correction généralisée des marchés.

Il est certes trop tôt pour délivrer un message définitif, mais le pic de l’inflation semble approcher. L’indice US CPI (headline) a progressé de 0,3 % en base mensuelle (vs 1,2 % il y a un mois) pour s’établir à 8,3 % en base annuelle (vs 8,5 % il y a un mois). A contrario, l’indice US CPI (core) a progressé de 0,6 % sur le mois (on attendait 0,3  %) mais, en base annuelle, la progression s’établit à 6,2 % contre 6,5 % le mois précédent. Notons que cette tendance reste fragile. Le consensus, en base annuelle, est d’ailleurs battu, ce qui est assez fréquent depuis plusieurs mois. Cette perspective nous permet néanmoins de dresser une feuille de route pour les inflations annuelles de fin 2022, fin 2023 et fin 2024. En zone Euro, "ceteris paribus", cela dépendra des prix de l’énergie dans les prochains mois, la situation se présente dans les mêmes termes. Le reflux de l’inflation prendra du temps et les points de passage resteront élevés : en zone Euro, celle-ci serait de plus de 6 % fin 2022 pour revenir vers 3 % en 2023 et peut-être 2 % en 2024.

Selon la célèbre maxime d’un ancien président de la Bundesbank, « L'inflation, c'est comme la pâte dentifrice : une fois qu'elle est sortie du tube, il est impossible de l'y faire rentrer ; ainsi, il vaut mieux ne pas appuyer trop fort sur le tube. » C’est le débat qui agite actuellement la Banque centrale européenne (BCE) qui commence à identifier qu’il y a un problème d’inflation plus structurel et durable que précédemment anticipé, avec une guerre en Ukraine amenée à durer. Face à ce constat, après une phase de "quoi qu’il en coûte", la problématique de la stabilité financière en Eurozone pourrait se reposer (la parité euro/dollar a franchi à la baisse le niveau de 1,05), mais il s’agit aussi des craintes de stagflation et de récession qui augmentent. La BCE devra donc s'occuper de ce dilemme entre ne pas faire assez ou en faire trop, mais la tendance reste à resserrer la politique monétaire, à défaut d’autre alternative.

Les marchés obligataires se focalisent au début du cycle de resserrement sur des hausses (trop) importantes (temps et amplitude) des taux directeurs, mais l’exercice a ses limites au regard de la dégradation des perspectives de croissance et les excès sur les taux obligataires à 10 ans se sont avantageusement résorbés : le taux à 10 ans américain est repassé sous les 3 %, le taux britannique sous les 2 % et le taux allemand est passé quant à lui sous les 1 %, soit un niveau finalement pas si éloigné des niveaux de croissance potentielle par zone.

Sur les marchés actions, la correction est sévère, avec une baisse de presque 30 % par rapport au plus haut sur le Nasdaq et de presque 20 % sur l’indice MSCI World AC. En conséquence, les valorisations redeviennent attractives, mais ne permettent à ce stade que d’espérer un rallye de « bear market ».

Olivier GUILLOU, Directeur de la gestion