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Peut-on vraiment tripler nos capacités en énergies renouvelables d'ici à 2030 ?

La semaine dernière, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a dévoilé son rapport annuel sur la croissance des énergies renouvelables, exposant ses projections jusqu’en 2028 ainsi que les défis auxquels le secteur est confronté.

Selon ce rapport, si les politiques et les conditions de marché actuelles demeurent inchangées, la capacité mondiale d'énergies renouvelables devrait atteindre 7 300 GW d'ici à 2028 et dépasser les 9 000 GW d’ici à 2030. L’AIE souligne que cette capacité a crû à un rythme sans précédent depuis deux décennies, augmentant de près de 510 GW en 2023.

Cette dynamique reste cependant encore insuffisante pour répondre à l'objectif ambitieux adopté le mois dernier par près de 198 parties à la COP28 visant à tripler la capacité mondiale d’énergies renouvelables d'ici à 2030 (par rapport à 2022). Le Rapport nuance toutefois ce constat et indique que cet objectif, qui correspondrait à une capacité de 11 000 GW d'ici 2030, conformément au scénario de l'AIE « zéro émission nette d'ici à 2050 », reste atteignable si les États renforcent les politiques et objectifs existants. L’agence souligne par ailleurs des avancées encourageantes. D’après ses prévisions, en 2025, les énergies renouvelables devraient dépasser le charbon, devenant ainsi la principale source de production d'électricité. En 2028, elles devraient compter pour plus de 42 % de la production mondiale d'électricité, la part de l'énergie éolienne et de l'énergie solaire photovoltaïque ayant doublé pour atteindre 25 %, dont les trois quarts sont attribués au photovoltaïque solaire.

Cette croissance devrait toutefois continuer d'être marquée par une forte disparité géographique. En 2023, la Chine a installé autant de panneaux photovoltaïques que le monde entier en 2022. Elle est ainsi en passe d'atteindre ses objectifs de capacité en énergie solaire et éolienne à horizon 2030 avec 6 ans d’avance. Cette tendance devrait s'accélérer dans les années à venir. L'AIE anticipe ainsi que la croissance des énergies renouvelables en Chine sera quatre fois supérieure à celle de l'Union européenne et cinq fois supérieure à celle des États-Unis.

Alors que la Chine s'impose comme un chef de file incontesté, de nombreux pays émergents peinent encore à accélérer leur transition énergétique et il existe des différences significatives d'un pays ou d'une région à l'autre dans les efforts à fournir pour atteindre cet objectif. En 2023, seulement 10 pays ont contribué à 80 % de l'augmentation de la capacité en renouvelable, les pays du G20 représentant à eux seuls 90 %. Le véritable défi réside donc du côté des pays émergents et des pays en développement, dont certains ne possèdent encore à ce jour ni les politiques suffisantes, ni les objectifs qui leur permettraient de tenir cette cadence. L’insuffisance des financements pour les économies émergentes et en développement pointée à maintes reprises lors de la COP 28 demeure l’un des principaux obstacles à la réalisation de cet objectif.

A ce frein majeur s’ajoutent d’autres problématiques.

  • L'incertitude politique et la réponse tardive au nouvel environnement macro économique : l’inflation élevée et les taux d'intérêt en hausse ont contribué à freiner les investissements dans ces énergies. En 2023, pour la première fois, les nouvelles capacités de production d'énergies renouvelables financées dans les économies avancées ont été exposées à des taux d'intérêt de base plus élevés qu'en Chine et que la moyenne mondiale.
  • Le manque d'investissements dans les infrastructures de réseau : le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables nécessite des réseaux électriques plus robustes et flexibles. Les investissements dans ces infrastructures restent insuffisants dans de nombreux pays.
  • Les obstacles administratifs et réglementaires : les procédures d'autorisation, les lourdeurs administratives et les réglementations participent à ralentir le déploiement des énergies renouvelables.

Si les États parviennent à surmonter ces difficultés, l'AIE estime que la production d'énergies renouvelables pourrait croître de 21% de plus, permettant ainsi d'atteindre l'objectif phare de la COP28.

En France, pour développer les énergies renouvelables, la proposition de création d'un taux vert différencié par la Banque centrale européenne émerge comme une solution prometteuse pour de nombreux acteurs. Ce mécanisme consisterait à appliquer des taux d'intérêt plus bas aux investissements dans les énergies vertes, afin d'orienter les flux financiers vers des projets durables et de contribuer à réduire l’écart. A noter que la France a été le seul pays de l'UE à ne pas avoir atteint son objectif en matière d'énergies renouvelables en 2020 et doit à ce titre verser aux autres États membres une compensation estimée à 500 millions d'euros.

Contenu rédigé par Alix Roy, analyste ISR chez Ecofi.