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Les subventions fossiles à leur plus haut niveau...

Le monde s'apprête à vivre une année record en matière d'investissements dans la transition énergétique. Chaque watt généré par les éoliennes et les panneaux solaires, chaque nouvelle voiture électrique et chaque électrolyseur d'hydrogène réduisent les combustibles fossiles consommés sur les routes et les réseaux de la planète. Plus de 1000 milliards de dollars ont été dépensés pour la transition l'année dernière, et il est presque certain que ce montant sera dépassé en 2023.

Pourtant, aussi important que soit ce chiffre, il fait pâle figure en comparaison d'une autre dépense liée à l'énergie : les subventions accordées aux combustibles fossiles et à l'électricité. Le Fonds monétaire internationale (FMI) a calculé qu'un peu plus de 7 000 milliards de dollars de subventions ont été alloués aux combustibles fossiles l'an dernier soit près de 7,1 % du PIB mondial. Malgré les annonces en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, le monde n'a jamais dépensé autant pour subventionner les combustibles fossiles.

Environ un quart du total est constitué de ce que le FMI appelle "des subventions explicites", c'est-à-dire une sous-facturation du coût de la fourniture d'un combustible fossile ou d'électricité. Mais il reste encore un solde de 5 700 milliards de dollars de "subventions implicites", c'est-à-dire de sous-facturation des coûts environnementaux d'un combustible, ainsi que de taxes sur la consommation non perçues.

L'année dernière, trois carburants ont reçu plus de mille milliards de dollars chacun en aides implicites. L'essence a reçu un peu plus de 1 000 milliards de dollars, le diesel, plus de 1 500 milliards de dollars et le charbon, 2 100 milliards de dollars. Au niveau mondial, 80 % de la consommation de charbon est facturée à un prix inférieur à la moitié de son niveau d'efficacité en 2022.

Le FMI note dans son rapport que le maintien des prix des combustibles en dessous de leur « niveau de pleine efficacité » engendre également des émissions de gaz à effet de serre à un niveau élevé. Si le monde augmentait les prix à un niveau qui tienne compte de leurs coûts explicites et implicites, les émissions de dioxyde de carbone (CO2 ) provenant des combustibles fossiles pourraient diminuer d'ici à la fin de la décennie d'un tiers par rapport aux émissions de 2019.

Une réforme des prix des combustibles fossiles par la suppression des subventions explicites aux combustibles et l'imposition de taxes correctives telles que la taxe sur le carbone permettrait de réduire, en 2030, les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2 ) de 34 % par rapport aux niveaux de 2019. Cela autoriserait à maintenir le réchauffement de la planète à un niveau bien inférieur à 2°C et de se rapprocher de 1,5°C.

Une réforme des prix des carburants permettrait de dégager des recettes substantielles, représentant environ 3,6 % du PIB mondial, et d'éviter environ 1,6 million de décès prématurés par an dus à la pollution atmosphérique locale.

Enfin la réforme des subventions aux combustibles fossiles est dans l'intérêt de tous les pays, même sans tenir compte des bénéfices pour le climat. Pour un pays moyen, réformer les subventions aux combustibles de manière à réduire les émissions de CO2 d'environ 25 % augmenterait le bien-être net, en raison des avantages environnementaux locaux et de la suppression des distorsions de prix.

Pour le FMI, la réforme des prix de l'énergie doit s'accompagner d'une aide aux ménages, mais ciblée sur les ménages à faible revenu (pour limiter les coûts fiscaux) et ne pas être liée à la consommation d'énergie. L'aide pourrait donc prendre la forme de transferts sous condition de ressources ou de remises forfaitaires sur les factures d'énergie.

Contenu rédigé par François LETT, Directeur du département éthique et solidaire chez Ecofi