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Les leçons du dernier rapport de BP sur l’énergie mondiale

Chaque année, depuis près de 70 ans, la major pétrolière BP publie sa revue statistique de l'énergie mondiale, qui détaille les stocks, les flux et la consommation d'hydrocarbures dans le monde, ainsi que les données relatives à la production d'électricité. L’édition 2023 dévoile quatre tendances principales.

1. La demande d'énergie augmente dans les pays non-membres de l'OCDE

La consommation mondiale d'énergie primaire a atteint un niveau record l'année dernière, avec plus de 600 exajoules. C'est le double de la consommation mondiale d'énergie en 1985, et quatre fois le niveau de 1965, date à laquelle les données de la revue statistique ont commencé.

Pour les économies de l'OCDE, la demande d'énergie primaire a atteint son maximum il y a 15 ans, année où la demande du reste du monde a dépassé celle de l'OCDE. La demande dans les pays de l'OCDE a en fait diminué de 3,4 % en termes absolus depuis 2007, alors qu'elle a augmenté sans interruption dans le reste du monde au cours de la même période.

En termes relatifs, la place de l'OCDE dans la demande mondiale d'énergie continue de diminuer. En 2007, elle était responsable d'un peu moins de la moitié de la consommation totale d'énergie ; aujourd'hui, elle en représente moins de 39 %. La question fondamentale pour l'avenir de l'énergie est de comprendre dans quelle mesure cette demande peut diminuer à long terme et à quelle vitesse les pays non-membres de l'OCDE peuvent atteindre leur propre pic de consommation.

2. Le pétrole est roi. Ou le charbon. Mais peut-être aussi le gaz...

La demande mondiale de combustibles fossiles n'a jamais été aussi élevée. Le pétrole est, d'une certaine manière, le roi des combustibles fossiles : il était l'énergie fossile la plus consommée en 1965 et l'était encore, près de 70 ans plus tard, en 2022.

Depuis 1965, l'augmentation de la consommation annuelle a été presque identique pour le pétrole et le gaz, le charbon accusant un retard d'environ 20 % par rapport au pétrole. Cependant, si l'on regarde à partir de 1974 (première crise pétrolière), la consommation de gaz et de charbon a augmenté davantage que la consommation de pétrole. Si l'on effectue la même analyse à partir de 2001 (année de l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce) le charbon domine, avec une croissance supérieure à celle du gaz et presque deux fois supérieure à celle du pétrole.

Enfin, si l'on mesure l'augmentation de la consommation d'énergie provenant du pétrole, du charbon et du gaz entre 2011 et l'an dernier, c'est le gaz qui a le plus augmenté, suivi du pétrole (environ deux tiers de l'augmentation du gaz) et du charbon (environ un tiers).

3. Les navires surpassent les tuyaux dans le commerce mondial du gaz

Le gaz naturel circule entre les marchés depuis des décennies, à la fois par les gazoducs et par les expéditions maritimes de gaz naturel liquéfié (GNL). Pendant des années, les gazoducs ont assuré l'essentiel des échanges mondiaux de gaz, mais, depuis 2020, le GNL a pris la tête du volume total des échanges. Compte tenu de la guerre en Ukraine et des restrictions imposées par la Russie sur ses exportations par gazoduc, cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir.

4. Les énergies renouvelables autres que l'hydroélectricité progressent énormément

Il y a soixante ans, l'hydroélectricité produisait 95 % de l’électricité sans émission de CO2 dans le monde. Au début du siècle, cette part était tombée à 47 % et l'énergie nucléaire l'avait tout juste dépassée en produisant 49 % du total.

En 2001, la production combinée d'énergies éolienne, solaire, géothermique, de biomasse et d'autres technologies de production d'électricité sans CO2 représentait 4 % de l’électricité sans émission. En 2020, la production d'énergies renouvelables autres que l'hydroélectricité a dépassé celle du nucléaire ; un an plus tard, la production éolienne et solaire dépasse à elle seule celle du nucléaire.

Avec les records d’installation pour la production d'énergie solaire cette année, les énergies renouvelables autres que l'hydroélectricité deviennent une source de production plus importante que l'hydroélectricité.

Ecrit par François Lett, directeur du département éthique et solidaire chez Ecofi.