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Les investissements durables résistent malgré la crise

L’Institute for climate economics (I4CE) est une association à but non lucratif experte de l’économie et de la finance dont la mission est de faire avancer l’action contre les changements climatiques; L’institut, fondé en 2015 par la Caisse des Dépôts et l’Agence Française de Développement, soutient les décideurs politiques, en fournissant des analyses sur les questions climatiques et énergétiques.

Le 2 décembre dernier, l’I4CE a publié son rapport annuel « Panorama des financements climat », qui fournit des résultats assez encourageants concernant les investissements en France en faveur de la transition énergétique. En particulier, selon le rapport, les investissements « verts » privés et publics ont été de 45 milliards en 2020, enregistrant une progression de 10 % par rapport à 2019. De plus, selon les estimations de l’Institut, ces investissements, soutenus par les mesures du Plan de relance, devraient encore progresser en 2021 et 2022.

Ce résultat est particulièrement encourageant si nous considérons le contexte de crise économique, sociale et sanitaire. Le premier confinement de mars 2020 a interrompu plusieurs chantiers du bâtiment, des infrastructures et de la production d’énergie. Dans ces conditions, les porteurs de projets verts auraient pu être forcés à réduire ou à supprimer leurs investissements.

Une autre conclusion assez emblématique du rapport concerne la comparaison avec les autres catégories d’investissements : la progression des investissements verts contraste avec le net recul des investissements totaux du pays au cours de l’année 2020, en diminution de 7,8 % par rapport à 2019.

Cependant, la hausse des investissements verts n’a pas concerné tous les secteurs. Le secteur automobile a particulièrement profité de cette dynamique, notamment les voitures électriques et hybrides rechargeables, grâce en particulier à la réglementation européenne. Pour d’autres secteurs, des besoins importants d’investissements subsistent : plus particulièrement dans la rénovation énergétique des logements, les énergies renouvelables ou le réseau ferroviaire. Les transports en commun sont restés stables ou en légère baisse.

Cependant, malgré ces résultats positifs, les investissements climat sont encore insuffisants par rapport aux objectifs nationaux à fin 2020 prévus par la « Stratégie nationale bas-carbone ». Pour les respecter, il faudrait entre 13 et 15 milliards d’euros d’investissements supplémentaires tous les ans jusqu’en 2023, et environ le double jusqu’en 2028. Selon le Rapport, il semble ainsi indispensable d’augmenter les financements publics, notamment à travers une règlementation plus stricte sur les secteurs en retard sur la transition énergétique.

Un risque souligné par le rapport concerne les chaines d’approvisionnement pour développer les produits et les solutions en ligne avec la transition énergétique : en 2021, certains matériaux nécessaires aux investissements verts sont devenus plus rares et plus chers. C’est le cas par exemple du bois et des isolants utilisés dans la rénovation des logements et des semi-conducteurs employés dans les panneaux solaires. Si ces problèmes d’approvisionnements persistent, une partie importante des investissements verts pourrait être réduite ou abandonnée en 2021 et en 2022.

Une autre bonne nouvelle pour la transition énergétique concerne les investissements publics et privés dans les énergies fossiles qui s’élèvent à 45,3 milliards d’euros en 2020, en baisse de 32 % par rapport à 2019, notamment en raison d’un durcissement de la réglementation européenne sur les voitures neuves. Le Rapport de l’I4CE alerte sur la reprise économique en cours qui pourrait alimenter un rebond des investissements fossiles.

Cesare VITALI, Responsable ISR