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INFO PARTENAIRE

L’économie mondiale à l’épreuve de la guerre

Les marchés restent très volatils, dans un contexte d’incertitudes élevées au regard de la guerre en Ukraine et du poids des implications économiques et financières constatées et futures, notamment à cause du choc sur les matières premières. Le rebond de l’épidémie de Covid (variant omicron) reste au second plan, il faudra néanmoins suivre son impact sur les chaînes de production et les échanges. Mais c’est surtout l’actualité des banques centrales qui était attendue cette semaine.

Ainsi la Réserve fédérale, lors de sa réunion du 16 mars dernier, a augmenté son principal taux directeur de 1/4 point comme attendu. C’est la première hausse depuis 2018. Le taux Fed funds est passé de 0-0,25 % à 0,25 %-0,5 %. La Fed a confirmé les prochaines étapes, avec probablement 150 points de base - pbs - de hausse pour 2022, soit un niveau cible de 1,75 %-2 % (6x25 pbs) ; le niveau cible pour 2023 serait de 2,75 %. Des paliers de 50 points de base ne sont plus exclus (probablement au 1er semestre : 04/05 ou 15/06). Les autres réunions sont fixées aux dates suivantes : 27/07, 21/09, 02/11 et 14/12.

Ces objectifs de remontée agressive des taux d’intérêt nous semblent incompatibles avec les objectifs de croissance, d’emploi évoqués par la Fed sur le long terme. D’ailleurs, la tendance à l’inversion de la courbe des taux (mesurée par l’écart entre le taux à 10 ans et celui à 2 ans) tend à renforcer implicitement la probabilité d’une récession dans les 12 mois. Même si la Fed réalise rapidement 100 points de base de hausse, la suite reste conditionnée à l’évolution de l’activité, quand bien même l’inflation resterait élevée. La Fed semble néanmoins préoccupée par le risque d’ancrage de l’inflation à long terme (le taux break/even 10 ans est proche de 3 %). Rappelons que le taux d'inflation point mort (break/even) représente une mesure de l'inflation attendue dérivée des titres du Trésor à taux fixe à échéance constante à 10 ans et des titres à échéance constante indexés sur l'inflation du Trésor à 10 ans.

La banque d’Angleterre a monté de un quart de point de taux son taux directeur à 0,75 %, d’autres hausses sont programmées à un rythme trimestriel. Il est probable que la Banque centrale européenne n’aura pas d’autre choix que de remonter ses taux en territoire positif d’ici la fin de l’année.

Finalement, seule la Chine, confrontée à un ralentissement piloté mais dont le secteur financier (bourses et obligations) est sous pression, a des marges de manœuvre pour soutenir l’activité et les marchés financiers.

Dans ce nouveau monde où l’énergie devient un produit de luxe, le chiffrage des révisions de prévisions de croissance économique et d’inflation, zone par zone, pays par pays, commence à émerger, même si à nos yeux celui-ci nous semble sous-estimé à la baisse pour la croissance, et la hausse pour l’inflation.

Les effets de diffusion sont actuellement difficiles à estimer compte tenu des disruptions, des hausses de coût de production, des pertes de revenus réels des consommateurs. L’industrie et la consommation seraient (durement) impactées, les services résisteraient. L'OCDE estime que la croissance économique mondiale en 2022 sera inférieure de plus d’un point de pourcentage au rythme prévu avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, et que l’inflation devrait être supérieure de 2,5 points à son niveau d’avant la guerre.

Bien qu’objectivement rien n’indique une issue la moins douloureuse et la plus rapide possible au conflit en Ukraine, les marchés actions ont fortement progressé (+6%), effaçant la baisse initiale suite à l’invasion ukrainienne du 24 février dernier, à la faveur d’une détente sur les prix des matières premières et d’une baisse de la volatilité (aversion au risque). Les taux restent orientés à la hausse (10 ans US : 215 %, Allemagne 10 ans : 0,37 %), la courbe US marquant une tendance à l’aplatissement.

Olivier GUILLOU,Directeur de la gestion