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Le rapport de synthèse du GIEC, aussi alarmiste qu’invisible

La synthèse de neuf années de travaux du GIEC sur le climat qui succède à celle de 2014, lance un avertissement terrible sur la nécessité pour l'humanité d'enfin agir radicalement au cours de cette décennie critique pour s'assurer un futur vivable. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies n’a pas hésité à qualifier le rapport de « guide de survie pour l'humanité »

1. Un réchauffement sans équivoque

Le rapport de synthèse rappelle que les activités humaines sont sans équivoque à l'origine du réchauffement climatique. La température moyenne à la surface du globe atteint 1,1°C de plus en 2020 que les niveaux préindustriels. L'utilisation des combustibles fossiles est le principal moteur du réchauffement climatique : en 2019, environ 79 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) provenaient de leur utilisation dans l'énergie, l'industrie, les transports et les bâtiments, et 21 % de l'agriculture, de la sylviculture et d'autres formes d'utilisation des terres. Les politiques actuellement mises en œuvre nous mènent vers un réchauffement planétaire de 3,2°C d'ici 2100 et, si les contributions des pays fixées au niveau national (CDN) étaient mises en œuvre, elles conduiraient à une hausse des températures supérieure à la limite de 1,5°C, voire à plus de 2°C.

2. Les émissions doivent être réduites rapidement, profondément et de manière soutenue et continue

Le rapport estime que les émissions produites jusqu'à présent ont déjà « consommé » le niveau de réchauffement de la planète de 1,5°C, que nous atteindrons dès le début des années 2030. Cependant, le GIEC continue d’affirmer que la limitation de l'augmentation de la température au niveau de 1,5°C reste toujours à notre portée, mais qu'elle nécessite des réductions urgentes, profondes et durables des émissions de GES. Pour parvenir à un taux d’émission net nul d'ici 2050 et maintenir l'objectif de 1,5°C, les émissions de CO2 doivent être réduites de 48 % d'ici 2030, de 65 % d'ici 2035 et de 99 % d'ici 2050. Pour rappel à l’exception 2020 avec la Covid, elles n’ont jamais cessé d’augmenter d’années en années.

3. Élimination progressive des combustibles fossiles : un message clair

Le GIEC indique que la mise en production de toutes les infrastructures de combustibles fossiles actuellement prévues entraînerait une probabilité de 83 % d'atteindre des niveaux de réchauffement dangereux (au moins 2°C). Pour parvenir à des systèmes énergétiques « zéro émission nette », le GIEC assène qu'il faut « une réduction substantielle de l'utilisation globale des combustibles fossiles et le recours à la séquestration et au stockage du carbone dans les systèmes de combustibles fossiles restants ; des systèmes électriques qui n'émettent pas de CO2 net ; une électrification généralisée ; des vecteurs énergétiques alternatifs dans les applications qui se prêtent moins à l'électrification ; la conservation de l'énergie et l'efficacité énergétique ; et une plus grande intégration dans l'ensemble du système énergétique ».

4. Protéger les écosystèmes : objectif clé pour 2030

Le rapport GIEC-IPBES de 2021 a clairement montré que pour obtenir les résultats nécessaires en matière de climat et de biodiversité, il s’imposait de prendre des mesures drastiques dans ces deux domaines. Le rapport souligne l'importance de la protection et de la restauration des forêts et des autres écosystèmes. De toutes les mesures d'usage des terres, c'est la gestion améliorée des forêts qui offre le plus grand potentiel d'atténuation des émissions. Le GIEC souligne en outre que la résilience de la biodiversité dépend de la conservation efficace et équitable d'environ 30 à 50 % des terres, des eaux douces et des océans de la planète.

5. Le rôle du financement comme instrument clé de la transformation

Le GIEC souligne que l'augmentation du financement, le transfert de technologie et la coopération internationale sont indispensables. Les besoins en matière de financement de la lutte contre le changement climatique demeurent 3 à 6 fois plus importants que ceux actuellement mis en œuvre. Stéphane Foucart en 2021 dans le journal le Monde, s’interrogeait sur le cycle sans fin du travail du GIEC, composé de rapports qui s’enchaînent continuellement et généraient une éternelle procrastination.

Rédigé par François LETT, Directeur du département éthique et solidaire