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Le mensuel ECOFI : Pression sur les banques centrales

Comme lors de l’épisode du « Taper tantrum » en 2013, le rendement du taux à 10 ans américain a doublé en à peine 5 mois, provoquant un mouvement de pentification accélérée de la courbe à travers la planète.

Cela reflète la crainte des investisseurs de voir les banques centrales durcir prématurément leur politique monétaire. Pourtant, les banquiers centraux se sont voulus rassurants sur le maintien des rachats de titres, parlant même de « déclaration de confiance » quant aux perspectives de croissance. Cela n’a pas suffi pour ramener le calme sur les marchés, surtout si le package additionnel de près de 1 900 milliards de dollars voulu par la Maison-Blanche voit le jour. De nouvelles stimulations monétaires semblent nécessaires.

Avec l’arrivée à échéance le 14 mars prochain des allocations chômage, tout porte à croire que l’on se dirige vers un vote rapide de l’« American Rescue Plan ».

Ce nouveau package d’aides et de relance de près de 1 900 milliards de dollars devrait permettre de prolonger jusqu’au 30 septembre 2021 le versement des allocations chômage. Cependant, à un moment où la situation sanitaire et économique s’est notablement améliorée, de nombreuses voix jugent ces mesures trop coûteuses, voire mal ciblées. Même si la hausse du revenu minimum devrait être abandonnée, la crainte d’une accélération de l’inflation, qui forcerait les banques centrales à durcir prématurément leur politique monétaire, est vite apparue. D’où une réédition de l’épisode du « Taper tantrum » en 2013 sur les marchés obligataires, où la situation s’est très vite dégradée. En effet, nonobstant les propos rassurants des membres de la Reserve fédérale (Fed), les taux longs américains se sont fortement tendus (+35 points de base - pbs - à 1,40% pour le taux à 10 ans). L’onde de choc de cette hausse s’est propagée partout sur la planète, même en Europe où les craintes d’un dérapage inflationniste sont quasi-absentes.

Il est certain que la Banque centrale européenne (BCE) ne restera pas insensible à cette flambée des taux d’intérêt, dans un univers où la dette publique dans le monde a bondi de 10 000 milliards de dollars en 2020 selon Fitch Ratings. Elle pourrait par exemple augmenter le montant des achats de son programme d'urgence (PEPP) pour contenir l’envolée des taux observée, y compris en Allemagne (+26 pbs, à -0,26% pour le Bund à 10 ans).

La banque centrale européenne pourrait ainsi être obligée d'aller plus loin dans son aide à l'économie en s'engageant sur des territoires jusqu'ici inconnus."

En effet, la vigueur de la reprise reste conditionnée à la levée des mesures de restriction et la montée en puissance des campagnes de vaccination. Et l’entrée probable en récession de la zone Euro au premier trimestre ne devrait pas arranger les choses.

La BCE pourrait ainsi être obligée d’aller plus loin dans son aide à l’économie en s’engageant sur des territoires jusqu’ici inconnus. Outre l’usage du PEPP, d’autres solutions commencent à émerger comme l’annulation de la « dette Covid », notamment sur la partie détenue par la BCE, estimée à 25% du total des dettes publiques. Si cette solution a été écartée par Mme Lagarde, la BCE devrait réfléchir dans ce cas à un rééchelonnement ou à une réduction des montants à rembourser à l'échéance.

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