Pour Joseph Staline, « la mort d’un Homme est une tragédie, celle d’un million est une statistique. ». Pour l’économie mondiale, le décès de plus d’un million de victimes lié à la pandémie du Coronavirus est surtout une des plus grandes tragédies jamais connues. En effet, la recrudescence de l’épidémie de Covid-19 fait craindre un doublement à court terme de ce nombre dans les scénarii les plus probables. Cette perspective peu réjouissante devrait pousser les gouvernements à réintroduire des mesures de distanciation sociale ou de confinement, même partielles, ce qui pèserait sur la consommation.
Or, là où le bât blesse, c’est que la plupart des Etats avancés, à l‘exception de la Chine, ont basé leur stratégie de sortie de crise sur la consommation. Cette crainte a commencé à se faire sentir avec le décrochage des indicateurs PMI dans le secteur des services en Europe. Dans ces conditions, il sera très difficile pour les ménages de transformer leur épargne forcée, devenue épargne de précaution, en achats de biens et de services. Au contraire, à l’image du rebond des inscriptions au chômage aux Etats-Unis, le marché de l’emploi commence à montrer des signes d’essoufflement, ce qui peut remettre en cause le rebond du moral des ménages. Cela rend plus que jamais nécessaire une prolongation des programmes de soutien aux ménages. Les parlementaires américains, bien que conscients de l’urgence, tardent pourtant à se mettre d’accord. Et les nouvelles sur ce front ne sont pas optimistes, surtout avec l’approche des élections générales. Ces tergiversations se sont traduites par une baisse des anticipations de croissance économique.
Ainsi donc, au moment où les Américains iront voter – et alors que Donald Trump a été testé positif – l’économie sera loin d’avoir récupéré le terrain perdu depuis la crise du Coronavirus.
AUX ETATS-UNIS, LE MARCHÉ DE L’EMPLOI COMMENCE À MONTRER DES SIGNES D’ESSOUFFLEMENT [...] CELA REND PLUS QUE JAMAIS NÉCESSAIRE UNE PROLONGATION DES PROGRAMMES DE SOUTIEN AUX MÉNAGES.
Or, depuis James Carville, conseiller de Bill Clinton en 1992, et son fameux slogan « It’s the economy, stupid », on sait que les électeurs se déterminent surtout par rapport aux questions économiques. Selon cette grille d’analyse, le Président Trump n’aurait que peu de chances d’être réélu. Si ce scénario se réalisait, le récent débat entre Biden et Trump a montré qu’il ne faudrait pas compter sur une transmission pacifique du pouvoir de la part de l’actuel locataire de la Maison-Blanche. Au contraire, il est à craindre une contestation des résultats, surtout avec la hausse sans précédent des électeurs par correspondance, au grand dam des marchés.
Karamo KABA - Directeur de la recherche économique
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