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INFO PARTENAIRE

Le mensuel Ecofi d'avril

Un nouvel (des)ordre mondial ? La guerre déclenchée par la Russie à l’encontre de l’Ukraine constitue un événement qui va bouleverser l’ordre mondial que nous connaissions depuis la chute de l’URSS.

Face à l’aspiration de l’Ukraine d'un avenir tourné vers l’ouest, dans l’Union européenne et l’OTAN, Vladimir Poutine est tombé dans le "piège de Thucydide", l’idée selon laquelle un conflit est rendu inévitable en raison d’une situation où une puissance émergente cherche à s’affranchir ou s’oppose à la puissance hégémonique.

Aujourd’hui, il s’agit bien de guerre entre l’OTAN et la Russie, indirectement via des livraisons d’armes. C’est le retour de l’affrontement de deux blocs sur le continent européen, en référence à la période de la guerre froide. Depuis le 24 février, beaucoup de certitudes ont laissé place à des inquiétudes majeures sur la stabilité internationale, la coopération entre Etats et le droit onusien. Un autre risque est évidemment la dépendance de certains pays aux céréales exportées de Russie, de Biélorussie et d'Ukraine.

Face à cet acte de guerre contre un pays souverain, la communauté internationale a très rapidement mis en place des mesures de rétorsion. Notons, qu’aucun pays dans l’histoire n’a subi autant de sanctions en montant.

La réaction européenne unanime dans la mise en œuvre de sanctions sans précédent et le réarmement moral et militaire ne permettent pas d’oublier l’aveuglement et l’opportunisme coupable, notamment de l’Allemagne, d’avoir mis en place une dépendance disproportionnée au pétrole, mais surtout au gaz russe. Aujourd’hui, nous en payons le prix via le choc d’inflation avec une hausse de 7,5 % en Eurozone sur 12 mois (+7,9 % en Allemagne, +9,8 % en Espagne). La contribution énergétique (transports, électricité et gaz) et la contribution alimentaire expliquent cette envolée. C’est le plus gros écart entre l’inflation headline et l’inflation core (450 points de base - pbs). Cette tendance va se poursuivre dans les prochains mois. Nous n'excluons plus un pic à 9 % cet été

Ce choc d’offre va provoquer un choc de demande sous le double effet des prix et des pénuries. Les efforts pour réduire l’approvisionnement russe pour la prochaine saison hivernale seront difficiles à mettre en place. La question d’un embargo total sur les importations de gaz et de pétrole provoquerait un choc récessif considérable, modifiant notre scénario économique et financier. Cependant ce n’est pas notre hypothèse la plus probable (sauf si l'initiative venait de Russie), d’autant que l’opération militaire russe ne semble plus viser une invasion totale de l’Ukraine.

Dans ce contexte, les institutions de prévisions économiques révisent à la baisse la croissance mondiale et à la hausse l’inflation. Selon le consensus (entre janvier et mars), la croissance mondiale baisserait de -0,4 points en 2022, à 4,0 %. Pour la zone Euro, l’impact serait de -1 point, à 3,3 % pour la croissance, et de 3 points pour l’inflation à 5,4 %. Nous pensons que ces prévisions de croissance seront révisées à la baisse, avec un conflit qui dure et clairement des effets différés sur la consommation.

Dans ce contexte, les institutions de prévisions économiques révisent à la baisse la croissance mondiale et à la hausse l'inflation."

Face à ce défi à la Sisyphe, les banques centrales veulent lutter contre l’inflation mais la tâche est ardue, sauf à casser la dynamique de croissance et précipiter la récession. Les prix des matières premières vont rester durablement élevés en raison du déséquilibre offre/demande, des coûts d’acheminement et des sousinvestissements qui ne seront pas compensés car les financements seront fléchés vers la transition énergétique.

fortement fluctué, parfois de manière erratique, depuis le déclenchement de cette guerre. Après une phase initiale de baisse, les marchés actions ont effacé leurs pertes à la faveur d’un espoir de négociations de paix. Inversement, les taux d’intérêt ont fortement remonté, notamment aux EtatsUnis, en raison de la stratégie agressive de remontée du taux Fed funds (2-2,25 % fin 2022). L’Europe suit cette voie. En Eurozone nous tablons désormais sur un retour du taux refi vers 0 % fin 2022 (+50 pbs).

L’Europe va devoir apprendre à vivre en économie de guerre.

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