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Le difficile chemin vers la neutralité carbone selon l’AIE

Depuis 1977, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), organisation internationale fondée par l’OCDE, publie le rapport « World Energy Outlook ». A travers celui-ci, l’Agence élabore différents scénarii climatiques pour le futur et conseille les pays et les institutions sur leurs politiques énergétiques.

Dans l’édition 2020, publiée en octobre, l’AIE encourage les institutions et les entreprises à accroître leurs efforts pour atteindre une baisse durable des émissions de gaz à effet de serre. Selon les dernières estimations qui prennent en compte la pandémie de la Covid-19, la demande d’énergie devrait diminuer de 5 % en 2020, les émissions de CO2 du secteur énergétique de 7 % et les investissements dans l’énergie de 18 %. Parallèlement, cette même année, la demande de pétrole devrait baisser de 8 % et celle du charbon de 7%.

En 2020, la baisse de 2,4 gigatonnes des émissions annuelles de CO2 a ramené ces dernières au niveau d’il y a dix ans. Cependant, de premiers signes montrent qu’il n’y a peut-être pas eu de baisse similaire des émissions de méthane du secteur de l’énergie (au potentiel de réchauffement 30 fois supérieur à celui du gaz carbonique), malgré une production de pétrole et de gaz plus faible.

Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, le chemin à parcourir pour atteindre une neutralité carbone demeure difficile : « Malgré une chute record des émissions mondiales cette année, le monde est loin de faire assez pour les mettre sur le chemin d’un déclin décisif. Seuls des changements structurels dans la manière dont nous produisons et nous consommons peuvent casser pour de bon la tendance à la hausse des émissions de gaz à effet de serre ».

Cette année l’AIE propose un nouveau scénario « émissions nettes nulles » d’ici à 2050. Il se fonde sur l’engagement d’un certain nombre de sociétés, pays et institutions, à commencer par l’Union européenne, à respecter un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Ce scénarii de neutralité carbone suppose une série d’actions radicales au cours des dix prochaines années. Ainsi pour déjà réduire les émissions de 40 % en 2030, il faudrait par exemple que les sources de production d’électricité renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) génèrent près de 75 % de la production (contre moins de 40 % en 2019) et que plus de 50 % des voitures vendues dans le monde soient électriques (contre 2,5 % actuellement).

Selon l’AIE, pour atteindre avec succès l’objectif d’émissions nettes nulles, les gouvernements, les entreprises énergétiques, les investisseurs et les citoyens doivent tous participer à cet effort collectif sans précédent.

Les changements nécessaires à adopter sont bien plus importants que beaucoup ne l’imaginent, alors que leur mise en œuvre doit s’effectuer très rapidement, à un moment où le monde lutte toujours contre la pandémie de la Covid-19. Pour que l’objectif d’émissions nettes nulles soit envisageable, les entreprises devront adopter des stratégies de long terme claires, soutenues par des engagements fermes d’investissement avec un impact mesurable.

Le secteur financier devra faciliter une intensification spectaculaire des technologies propres, aider les transitions des entreprises de combustibles fossiles et des entreprises à forte intensité énergétique, et apporter des capitaux à faible coût aux pays et aux communautés qui en ont le plus besoin.

L’engagement et les choix des citoyens seront également cruciaux, par exemple dans la façon dont ils chauffent ou climatisent leur domicile, ou dans leur choix de moyen de déplacement.

Cette course contre le réchauffement, qui combinera parcours à obstacle et marathon, nécessitera donc une volonté et un mental d’acier de la part des participants…

François LETT, Directeur du département éthique et solidaire