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Le chiffre de la dernière chance

En retard dans les sondages, le Président Trump compte énormément sur la prochaine publication des comptes nationaux du troisième trimestre pour refaire son retard sur Joe Biden.

Ainsi, selon l’indicateur de suivi instantané de la Fed d’Atlanta, le rythme de progression du PIB devrait ressortir à près de 35,3% en rythme annualisé. Ce chiffre impressionnant, le plus fort rebond de l’histoire américaine, obtenu principalement grâce à la contribution positive de la consommation privée, ne doit pas faire oublier que l’on revient d’un T2 cauchemardesque (-31,40% en rythme annualisé). Cependant, il n’est pas certain que l’économie ait autant d’influence sur le choix des électeurs surtout avec la résurgence des cas de Covid-19 et les difficultés des parlementaires à mettre sur pied un nouveau plan de stimulation budgétaire

En effet, à l’approche de la date du 3 novembre, il y a peu d’espoir de voir la proposition démocrate de 2 200 milliards de dollars rencontrer les faveurs des républicains du Sénat. Ce qui a fini par peser sur les marchés en dépit des bons chiffres économiques comme les ventes de maisons existantes (+9,4% en septembre).

L’indice S&P 500 a ainsi cédé du terrain sur la semaine (-0,6% à 3 464 points) tout en surperformant les indices européens (EuroStoxx : -0,9% à 3 199 points). Il faut dire que durant la semaine, la situation sanitaire s’est nettement dégradée en Europe après que le gouvernement français a étendu le couvrefeu à 54 départements. Petit à petit, avec l’explosion des nouveaux cas de Covid-19 en France, en Allemagne ou en Espagne, c’est le tabou d’un second confinement qui est en train d’être brisé. Cette recrudescence des cas de Covid-19 va remettre en cause la bonne orientation des indicateurs avancés, notamment aux États-Unis où la hausse de l’indice éclair composite PMI, passé de 54,3 en septembre à 55,5 points en octobre, a essentiellement été portée par les services. Or, comme on l’a vu en zone Euro, la réintroduction de mesures sanitaires et de distanciation sociale a provoqué une chute de l’indice PMI des services (-1,8 point à 46,2 en octobre).

Dans ces conditions, et malgré une performance honorable du secteur manufacturier (de 53,7 à 54,4 points en octobre, un pic de 32 mois), l’indice composite de la zone Euro est revenu en territoire de contraction en passant de 50,4 en septembre à un plus bas de 4 mois de 49,4 en octobre. Cela renforce les craintes d’une nouvelle dégradation de l’activité en cours, d’où une forte correction des cours du pétrole (-4,45% à 40,9$ pour le Brent ; -4,7% pour le WTI à 40,1$).

Ce contexte difficile a aussi pesé sur les marchés obligataires où les rendements sont orientés à la hausse, surtout aux États-Unis. En effet, la hausse de la probabilité d’une « vague bleue » fait craindre un dérapage des dépenses budgétaires, ce qui a pesé sur les rendements des taux longs (+10 points de base, à 0,84% pour le taux à 10 ans). L’Italie aussi a sous-performé (+10 pdb, à 0,76% pour le taux à 10 ans), pénalisée par le rebond de la crise sanitaire.

Assez paradoxalement sur la scène des changes, le dollar n’a pas profité de la baisse des perspectives en Europe. Le billet vert a ainsi perdu du terrain contre toutes les devises (-1% pour son taux de change effectif). Les principales gagnantes de la dépréciation du billet vert ont été l’euro (+1,10% à 1,18440$) et la livre sterling (+1,07% à 1,30402$) après l’annonce de la reprise des pourparlers en vue d’éviter un « no deal » à compter du 1er janvier prochain, une issue à laquelle le premier ministre Boris Johnson demandait aux Britanniques de se préparer. La monnaie commune a aussi été soutenue par les bons chiffres de l’activité manufacturière en Allemagne où le PMI dans l’industrie est ressorti à 58 points, au plus haut depuis plus de 20 mois.

Karamo KABA, Directeur de la recherche économique