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INFO PARTENAIRE

January Dry

La semaine économique a été dominée par la réunion de la Banque centrale américaine et la publication des chiffres d’activité, notamment le PIB et les indices PMI (indice des directeurs d'achats).

Dans le rebond 2021, les marchés et la valorisation des actifs ont été portés par la liquidité mondiale et le soutien des banques centrales (« put »). Le retrait (très) progressif d’un des outils de soutien des banques centrales est un des premiers actes de désaccoutumance des investisseurs à cette liquidité abondante, mais le sevrage complet n’est pas d’actualité ; il s'agit juste d'une pause. Aussi, la correction de janvier semble disproportionnée par rapport à la situation économique réelle même si les facteurs de risque restent d’actualité.

Cette semaine, la Réserve fédérale a donc indiqué que les indicateurs de l'activité économique et de l'emploi ont continué de se renforcer. Sur l’analyse de la hausse de l’inflation, la Fed souligne que les déséquilibres de l'offre et de la demande liés à la pandémie et à la réouverture de l'économie ont continué de contribuer à des niveaux élevés d'inflation.

La Fed a donc changé de cap et d’allure pour mettre au premier plan la lutte contre l’inflation et au second plan le plein emploi, même si le nombre total d’emplois pré-covid n’a pas été retrouvé. Avec l’objectif de retour vers une inflation de long terme de 2 %, la Fed privilégie le resserrement monétaire à un rythme soutenu, tout en amorçant une sortie progressive du Quantitative Easing (via un Quantitative Tapering). La question du pilotage du taux à 10 ans n’a pas été évoquée, ce qui a laissé place à un fort mouvement d’aplatissement.

Ces actions semblent tardives au regard des chiffres de croissance pour le 4ème trimestre, en hausse de 6,9 % (contre 6,0 % attendus), et de l’inflation à 7,0 % (sur 12 mois), alors que les perspectives d’activité se dégradent, avec de nombreux indicateurs en baisse : PMI manufacturier, à 55,0 ; PMI des services, à 50,9 ; "consumer confidence expectation" ; dépenses. En Europe, les indicateurs PMI ralentissent également dans les services impactés par le variant Omicron, mais résistent bien dans le secteur manufacturier, voire mieux, comme en Allemagne. L’indice de confiance des consommateurs reste déprimé, l’impact négatif de la hausse des prix énergétiques pesant sur le revenu réel disponible.

Le contexte géopolitique ne facilite pas la tâche des banques centrales avec des tensions persistantes entre la Chine et Taiwan et entre la Russie et l’Ukraine. Cela pèse fortement sur les indicateurs d’aversion au risque, et constitue un risque majeur pour le scénario de croissance / inflation, notamment en Europe qui subit une crise énergétique sévère. La question est de savoir si c’est conjoncturel ou structurel. C’est probablement les deux à la fois et on comprend que faire revenir l’inflation dans le lit de la rivière ne sera pas aisé, sauf à casser la dynamique de croissance.

Les marchés n’ont pas obtenu de répit alors que la saison des résultats aux EtatsUnis se présente correctement. La raison principale tient à la normalisation des taux d’intérêt réels, aux ajustements de position optionnels, aux ventes de précaution au regard des plus-values latentes et aux tensions géopolitiques. Le parallèle avec 2018 est frappant, la principale différence venant de l’amplitude et de la vitesse d’exécution du programme de resserrement monétaire. Cette situation a permis une forte correction boursière, le sentiment devenant très négatif à court terme avec néanmoins des possibilités de réinvestissements fortes (rebalancement). L’indice MSCI World AC a reculé de 1,1 %, pénalisé par l’Asie et l’Europe. Les Etats-Unis, en gain sur la semaine, surperforment. Les matières premières sont toujours en hausse.

Olivier GUILLOU, Directeur de la gestion